Je ne suis qu’une combattante parmi tant d’autres, je tiens simplement à vous relater mon expérience de « l’annonce de la maladie » et je m’adresse plus particulièrement aux médecins gynécologues qui ont cette lourde tâche d’être les premiers à prononcer le mot « cancer ».
Quelques mots sur mon parcours : après des années de combat en PMA (Procréation Médicalement Assistée), j’effectue en juin 2012 différents examens de contrôle pour notre ultime tentative. Dans ce cadre, une mammographie de contrôle est effectuée : rien à la palpation, tout est normal, pas de boule, juste une image « particulière » décelée à l’échographie. Une biospie est réalisée. Je ne m’inquiète pas vraiment, je suis dans mon schéma de vie, je sais que c’est la dernière ligne droite pour réaliser notre projet d’avoir un enfant. Et la radiologue me parle de micro-calcifications et d’un kyste à l’aspect bénin.
Fin juin, je reçois un appel de ma gynécologue qui veut me voir rapidement. L’inquiétude grandit mais je me dis qu’une double peine, ça n’est pas possible, ça ne peut pas être pour moi. Et pourtant.
Le 27 juin, j’entre, accompagnéE de mon mari (que je ne remercierai jamais assez pour sa présence, son soutien, son amour, je lui dois tant), dans le cabinet médical. Et en une fraction de seconde, tout s’écroule. Elle m’annonce une « mauvaise nouvelle », cancer bilatéral. Elle semble aussi perdue que moi, s’emmêle dans les grades, les stades, la taille des tumeurs, m’annonce qu’évidemment notre projet d’enfant est à « suspendre », que je vais subir une opération puis une chimio puis des rayons. Elle me dit que les prochains mois vont être très durs, qu’il va falloir que je sois forte, que j’en ai au moins pour 1 an de souffrance. Je m’effondre, ne comprends rien. Mon mari essaie de lui soutirer les « aspects positifs du dossier » : cancer hormonodépendant, d’agressivité moyenne, pris précocement en charge. Je me demande qui en sait le plus dans l’histoire (il ne travaille pas dans le milieu médical). Je ne garde que de cet échange un discours alarmant et traumatisant. Je sors de son cabinet en ne sachant pas quoi faire, sans aucune proposition d’aide pour notamment gérer l’angoisse des prochains jours.
Je ne comprendrai qu’une semaine plus tard, lors de la rencontre avec le chirurgien, que le traitement ne sera défini qu’après l’opération. Il m’annonce les étapes, de façon posée et me répond « je ne sais pas, cela dépendra des résultats » quand je lui pose une question. J’ai peur mais je me sens prise en charge, accompagnée.
Comme vous toutes sans doute, je n’oublierai jamais ce tremblement de terre, ce gouffre qui s’ouvre sous vous. Je comprends aussi le rôle très ingrat du premier médecin qui vous annonce cette épreuve. Je crois néanmoins que les médecins de ville doivent être formés et informés sur la manière dont les choses peuvent être dites. N’annoncez pas les choses sans savoir. Pour ma part, j’ai eu « la chance » de ne pas avoir de chimio. Mais combien de jours d’angoisses, de peurs, de questionnement, après ce premier échange médical. Et je pense à toutes celles qui doivent entendre des choses beaucoup plus dures que moi. Pour ma part, le traitement est derrière moi. Mais malgré un suivi psychologique, je continue à faire des cauchemars en revivant cette annonce.
Je tenais juste à relater mon expérience et essayer, à mon humble niveau, de sensibiliser les professionnels. En pensant très fort à toutes celles qui sont dans le combat,