Mon mari est un clown. Il aime rire et faire rire. Il fait dans l’humour du matin au soir. Mais il n’est pas de ces personnes qui vous servent leur blague à deux balles toutes les trois minutes. Non, il choisit le meilleur de tout ce qui lui passe par la tête pour le partager. Un jour, une semaine à peu près après avoir appris qu’elle était malade, ma mère a eu un jour de grande déprime. J’ai dit à mon mari que s’il avait une bonne blague en réserve, il pourrait la lui envoyer, juste comme ça. Et ce fut le début de la belle épopée de ce qui est désormais appelé "la blague du jour" ! Depuis six mois, il lui envoie une blague tous les jours. Parfois de son cru, parfois lue ou entendue, la plupart du temps très drôle. Les blagues sont désormais attendues, pas seulement par Maman mais aussi par Papa ! Le mieux dans cette histoire, c’est que c’est de l’entière initiative de mon mari. C’est lui qui a en eu l’idée et qui s’y tient tous les jours. Evidemment, à la base, ils ont le même humour. Ca aide. Elle lui répond quand elle en a envie, ou elle la mentionne lors de notre appel quotidien. Dans tous les cas, elle les garde précieusement en les recopiant dans un carnet dédié, presque plein. Parce que les blagues peuvent être longues parfois… Alors je ne connais pas trop l’impact scientifique du rire sur la guérison ou le mieux-être d’un patient pendant son traitement. Mais il est sûr de toute façon que ça joue pour diminuer un peu le stress des traitements. Et l’humour partagé compte pour continuer à resserrer les liens… et ça nous permet d’être présents, à distance. En tout cas, j’adore quand… …mon mari fait de la résistance pour me montrer la blague du jour …mon père ou ma mère répond en renchérissant …mon mari me soumet une blague un peu limite dans l’humour noir en me demandant "Ca passe ça ?" …Maman s’exclaffe encore de la blague qu’il lui a envoyée le premier jour de sa chimio. Je sais depuis longtemps que le rire est vital pour moi. Et le rire ne m’a pas quittée, et elle non plus, pas même le jour où on a appris qu’elle était malade. Parce que dans la détresse d’une mauvaise nouvelle, on se réfugie toujours là où c’est un peu plus confortable. Dans le rire avec les gens qu’on aime.