J'ai malheureusement, moi aussi, adhéré récemment au club du crabe du sein... Bon, en tous cas, j'ai essayé de garder le moral et le sourire... Du coup, j'ai essayé de raconter les choses avec humour... En effet, il me semblait avoir détecté une petite chose, de la taille d'une tête d'épingle, sur le côté de ma poitrine. Cette "tête d'épingle" ayant eu l'audace de s'enfler jusqu'à la taille d'une olive, je me suis penchée sur la question d'un peu plus près. Après une mammographie et une échographie réalisées mi-décembre, il était clair que quelque chose était présent, mais pas plus d'informations. Rendez-vous a donc été pris pour faire une biopsie de la "chose" le 2 janvier... après un petit traitement antibiotique + anti-inflammatoire pour voir si la "bête" voulait bien rabougrir... Entre temps, nous sommes partis quelques jours prendre l'air et skier à Baqueira, dans les Pyrénées espagnoles. La biopsie a eu lieu... Je me sentais un peu l'âme d'un terrain en cours d'exploration géologique, puisque le radiologue a carotté le nodule à 4 reprises.... Le jeudi suivant, le verdict tombait.... Cancer du sein, carcinome canalaire grade 3, triple négatif... Beurk! Heureusement, j'ai été prise en charge extrêment rapidement, et par mon généraliste, et par mon gynécologue, qui est aussi chirurgien, et qui s'occupe, malheureusement régulièrement ce ce genre de soucis... Nous nous sommes vus dès le lundi, et l'opération a été programmée pour le jeudi... Alors, à partir de là, c'est un peu toute une aventure... En effet, de nombreux progrès ont été faits pour guider les chirurgiens... Du coup, la veille au soir, le médecin-radiologue a procédé à la mise en place d'un "harpon" dans la tumeur... A ma grande surprise, il n'avait aucune intention de procéder à une anesthésie locale avant de se prendre pour Moby Dick et de penser que j'étais une baleine harponnable, couchée sur la table d'examen... Et l’aiguille supposée servir de guide pour l'introduction du harpon avait tout de même une taille des plus respectables... Tentant de prendre mon courage à deux mains, ce qui n'est guère facile quand on est sur le flanc avec interdiction de bouger... nous voilà partis pour un premier essai... A la grande surprise du médecin, l'aiguille a plus rebondi sur moi qu'accepté de pénétrer mon côté... Il ne s'est pas démonté, et après m'avoir signifié que j'avais la peau dure, m'a encore piquée... Même résultat!!! Je lui ai demandé s'il considérait que ma peau était celle d'une vieille vache ou d'un vieux dragon... Il a répondu par une petite entaille avec son bistouri, toujours sans anesthésie, d’ailleurs. A ce moment-là, je commençais à le regarder avec des yeux un peu désespérés, et il a enfin eu la gentillesse de m'injecter un peu de xylocaïne pour pourvoir continuer ses oeuvres... Du coup, il s'est senti autorisé à tailler un peu plus gaillardement dans mon flanc avec son bistouri avant d'enfin réussir à introduire la fameuse aiguille devant servir de guide à l'introduction du harpon dans le nodule.... Ouf! Le harpon enfin introduit, l'infirmière m'a invitée à me promener dans le couloir torse nu, heureusement avec mon gilet pudiquement posé sur mes seins, pour me rendre à la mammographie de contrôle... Là, j'ai commencé à me sentir quelque peu barbouillée, pâlotte et guère vaillante... Le radiologue est arrivé juste à temps pour cueillir une Isabelle en train de faire un malaise vagal. Je me suis donc retrouvée allongée, pattes en l'air, avec une infirmière qui me bassinait les tempes à l'eau froide... Quelques instants plus tard, me voilà devant la machine à écrabouiller les seins pour faire quelques clichés... Vue de face, harpon invisible... Vue de côté, pas terrible... J'ai donc eu droit à la "Cléopâtre", qui n'est pas du Kamasutra égyptien, mais beaucoup plus prosaïquement une vue de 3/4, qui a donné un très beau cliché de mon harpon... Je confirme, j'ai vérifié de mes propres yeux... Il a insisté pour refaire une vue de face... du coup, j'ai été aplatie 2 fois dans chaque sens, ça équilibre quelque peu les choses. Une fois que j'étais coincée dans sa machine, il me dit de ne pas bouger, je lui ai gentiment répondu qu'aplatie de la sorte, je me risquais pas d'aller bien loin!!! Il faut bien rire un peu, tout de même! Il a donc fallu enfin procéder à l'enroulement du fil du harpon, le moulinet n'est pas fourni, avant de coller un gros pansement et de regagner mes "appartements" au 6ième étage, où une charmante infirmière m'a expliqué qu'il fallait que je me douche intégralement à la Bétadine, cheveux inclus, mais sans mouiller l'énorme pansement que j'avais sous l'aisselle, sans quoi cela aurait été beaucoup trop facile! Et que je renouvelle cet exploit le lendemain, avant de revêtir ma robe de bal et ma charlotte pour aller au bloc... Mais, avant la dernière douche et la salle d'opération, une autre aventure m'attendait... Le repérage par radio-marquage du ganglion-sentinelle, ou comment passer du statut de baleine fraîchement harponnée au statut de grillon crépitant joyeusement à proximité d'un compteur Geiger... Donc réveil à 5h45, petit-déjeuner "du condamné": un petit thé, 2 biscottes et une trace de confiture... Puis promenade en taxi, pour aller de la clinique à une autre clinique, près de l'aéroport, pour me faire injecter le t.... Arrivée là-bas, ambiance vieux film d'espionnage, une infirmière arrive avec une valisette en métal à la peinture écaillée, avec un autocollant signalant "radio-actif". Elle ouvre la mallette et sort 4 seringues... Elle procède aux injections dessinant un petit carré autour de l'aréole de mon sein... Ça donne un peu l'impression de se faire couler du plomb fondu dans le sein, même si je n'ai jamais testé la coulée de plomb fondu... Après ça, fait posé 3 fois 5 minutes devant des capteurs pour voir apparaître mon ganglion, youpie! Enfin, le médecin a promené la sonde de son compteur Geiger un peu partout sous mon aisselle, jusqu'à trouver l'endroit qui crépitait avec le plus d'entrain... Il a donc rajouté une petite croix au marqueur sur ma peau, pour compléter les petites croix faites par le harponneur de la veille. Me voilà donc de retour dans ma chambre, pour la deuxième douche avec interdiction d'arrosage du pansement! Et le ramadan qui avait commencé, plus le droit de boire ou de manger... et zut! un peu de chocolat n'aurait pas été de refus! Il était question de me descendre au bloc vers 15h. L'infirmière m'avait donné un cachet pour me détendre... je me suis donc endormie, alors que j'étais supposée les appeler si je n'avais toujours pas été conduite au bloc à 15h15... Finalement, je ne suis descendue qu'à 16h... L'infirmier-anesthésiste se présente, et s'excuse humblement de ne pas s'être rasé. Je lui ai donc demandé s'il était prévu qu'il m'embrasse, dans le protocole de l'opération, parce que je ne lui tiendrais rigueur de ses piquants que dans ce cas-là! L'infirmière a eu quelques difficultés pour me mettre le cathéter, ma veine ayant décidé de rouler... Elle a abandonné et le monsieur "qui pique" m'a piquée du premier coup! Je me suis réveillée avec le sein bleu puisque le produit aidant au repérage du ganglion est un colorant bleu... Donc je suis désormais une schoumphette! J'ai copieusement radoté après mon premier réveil, comme après chaque anesthésie, et je n'ai guère de souvenirs de ce que j'ai raconté, si ce n'est que mes visiteurs ont beaucoup ri. Mon cher et tendre a passé la nuit avec moi, dans la chambre. Mis à part le fait que j'avais l'impression de me faire tailler le flanc par une lame quelque peu entreprenante, pas grand chose... Si, à part que j'avais la langue qui gonflait. J'ai eu peur de faire une allergie à l'anti-douleur, mais ce n'était qu'un des effets secondaires du ramadan, j'avais soif! Et pas le droit de faire mieux que de sucer des compresses imbibées d'eau... Pas terriblement satisfaisant. En plus, j'avais obligation de faire pipi dans leur bassin, ce qui coupe sérieusement l'inspiration, de peur de naufrager le lit entier... J'ai fini pas trouver une posture acceptable pour finaliser la manœuvre, et délivrer un joli pipi couleur Harpic lagon de Polynésie! Merci le colorant bleu! Bref, j'ai ensuite eu droit à une promenade en fauteuil roulant pour aller faire examiner mes organes à l'échographie. Bonne nouvelle, tous mes organes sont vierges de Gremlins et autres Aliens! Youpie! Le chirurgien m'a même offert de retourner à la maison le jour même. J'ai quand même préféré passer une deuxième nuit à la clinique, n'étant pas sûre de l'intensité de la douleur... J'ai eu droit à une petite séance de gymnastique de façon à ne pas avoir de "brides cicatricielles"... et un massage du dos parce que j'avais bien fait mes exercices! La popote n'étant pas terrible à la clinique, je suis donc rentrée à la maison comme convenu. Le lundi après-midi, je suis repartie au service de médecine nucléaire pour que l'on procède à la scintigraphie osseuse. Reambiance de film d'espionnage, injection, mais cette fois dans le bras, sans sensation de plomb fondu, chouette. Ensuite 2 heures absolument inintéressantes consacrées à boire et a faire pipi à répétition, de façon à faciliter la diffusion du produit, puis 15 minutes de pose dans les capteurs pour vérifier que mon squelette est bien tout beau , et surtout tout propre! Voilà. Ensuite, j'attendais le résultat de l'analyse de la tumeur entière et du ganglion sentinelle pour savoir si j'aurais droit à une 2ième opération pour enlever toute la chaîne ganglionaire, ou si je gardais mes ganglions. Comme les choses se sont passés très vite, apparemment, la "bestiole" n'a pas eu le temps d'aller coloniser les ganglions... Youpi !!! Donc, j'ai la grande chance de ne devoir avoir que de la radio-thérapie, et de ne pas me faire réopérer... Mon premier rdv est le 19/02. J'aurais mon calendrier en suivant, pour 5 semaines à la rotissoire :-) Isabelle