Juin 2012… Nous nous battons pour avoir un bébé… la vie nous dépose un autre combat : le cancer… Décembre 2013… Vendredi matin : une petite boule douloureuse dans le sein gauche… le déni, cette petite voix intérieure, refait surface « non, c’est trop près de la cicatrice, je me trompe, je ne l’avais sans doute pas vu auparavant… »….Une vielle comptine me revient à la mémoire « Loup, y es-tu ? »… Je partage mon inquiétude avec mon mari. Regards croisés. Sourde angoisse. Mon premier de cordée reprend son piolet, enfile ses chaussures d’escalade : « Quoique ce soit, nous nous battrons »…. Et d’ajouter « J’ai peut-être des chaussures à crampons mais j’ai besoin de toi pour faire mes lacets ». Là. Toujours là. Infiniment là. Lundi matin : consultation chez mon médecin traitant. « J’appelle votre oncologue »….le déni « ah bon, si vite ? Ca peut peut-être attendre ma prochaine mammographie de contrôle ?»… « Promenons nous dans les bois pendant que le Loup n’y est pas… » Lundi après midi : rendez-vous avec l’oncologue. Regards de détresse. Ma petite voix intérieure « Dites moi quelque chose, n’importe quoi mais quelque chose.. ». Elle m’osculte délicatement et me dit « oui, il y a bien quelque chose, vous êtes la mieux placée pour sentir ce qui change dans votre corps. Mais pour savoir ce que sait, il faut faire un contrôle »… « Si le loup y était, il nous mangerait »… Lundi fin d’après midi : échographie. Flashback : j'ai le sentiment de revenir un an et demi en arrière.Le radiologue réalise son examen. « Tout va bien. Il y a bien un nodule mais c’est bénin. On se revoit dans trois mois pour votre contrôle et si cela vous inquiète, vous pouvez revenir… » « Mais comme il n’y est pas, il nous mangera pas… » A travers ce témoignage, je veux juste faire passer un souffle d’espoir, les choses vont parfois dans le bon sens. Même si je sais désormais que rien ne sera plus comme avant, que la peur me tenaille au corps, que chaque nouvelle douleur est source d’angoisse. Je veux aussi souligner la chance d’être dans un pays qui permet de se faire soigner, d’accéder à des soins de qualité. Citadine de circonstances, je suis privilégiée, des hôpitaux très performants sont à proximité de mon domicile. Mais je sais que cela n’est pas le cas partout. Il faut défendre notre système de santé, permettre à tous de se faire soigner, puis suivre, de façon égalitaire, en campagne ou en ville. Des médecins, des spécialistes, des infirmières formidables sont à nos côtés et nous soutiennent. Faisons de même. Avec toutes mes pensées pour celles qui se battent…