A travers mes quelques témoignages, j’ai souvent voulu souligner la présence et l'énergie des oncologues, radiothérapeutes, médecins, infirmiers et autres personnels soignants qui m’ont accompagnée pendant cette étrange traversée de la maladie. Aujourd’hui, je voudrais rendre hommage à une accompagnatrice de l’ombre, celle que je dénommerai « ma psy ». Je ne vous accapare pas par ce possessif, au contraire, je souhaiterais tant que vous soyez plus nombreux à pouvoir nous aider, qu’il y ait plus de moyens… Peut-être vous reconnaitrez-vous, peut-être pas, après tout, l’essentiel n’est pas là, ce message s’adresse à tous les psy du monde qui accompagnent les malades… Dès l’annonce de la maladie, j’ai sollicité un soutien psychologique car je sentais que cette nouvelle épreuve, après des années de PMA infructueuses, me mettrait au tapis. Je ne me souviens pas bien des premières séances, je pense que j’ai asséché mon corps de toutes les larmes que j’avais au plus profond de moi. Il fallait que je me montre « debout » pour ma famille, mon mari, mes amies alors je m’offrais ce luxe de pleurer devant vous pendant de longs moments… Mes propos n’étaient sans doute pas très cohérents, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, tout n’était plus qu’un immense gouffre dans lequel j’avais l’impression de sombrer… Je me souviens alors d’une écoute, bienveillante, rassurante, ouverte, loin du jugement et des regards que je sentais parfois posés sur moi (« tous ces traitements de PMA n’ont sans doute pas été anodins…diront de bonnes âmes en ne percevant même pas la blessure de tels propos… ») …et de ceux que je posais aussi sur moi-même : mes certitudes, mes convictions, mes projets si bien organisés, l’évidence d’être (presque) immortelle à 40 ans…. Peu à peu, à force de questionnement (mais pas de réponse, vous n’étiez pas là pour cela me disiez vous), vous m’avez permis de revenir, à petits pas, vers le chemin de la Vie. Vous nous avez offert aussi, à mon mari et à moi, un espace de paroles, c’était important pour moi qu’il puisse lui aussi s'exprimer sur ce qu’il traversait. Moi, je crois que je n’étais pas vraiment là ou dans une autre sphère, une autre dimension et que je ne pouvais pas vraiment l’aider. Et il en faisait déjà tant pour moi. Pourtant, quand vous me disiez que j’arriverai à dépasser toutes ces épreuves, je ne vous croyais pas. « Le temps psychologique et le temps de la maladie ne sont pas les mêmes » me répétiez-vous souvent… Moi, j’avais le sentiment que, jamais, je ne m’en sortirais. Vous m’avez aidée à comprendre que je n’aurai jamais de réponse à mes « pourquoi » mais que j’arriverai à me retrouver, différente mais bien réelle. Dernièrement, je vous ai revu pour vous parler de la reconstruction…et j’ai compris alors que j’étais à nouveau debout. Encore fragile mais debout. Merci à vous, pour ces deux années et plus d’accompagnement, pour cette parole que je sais toujours disponible, pour cette écoute, merci. Merci à vous tous, soignants, aidants, accompagnants, blouses roses et vertes, merci d’être là. Avec toute mon amitié pour celles qui se battent encore et toujours.