J’avais fêté mes 50 ans avec bonheur en août. En février 2023, j’ai découvert un écoulement mammaire, je n’étais pas très inquiète, j’avais réalisé les mammographies et échographies des 50 ans avec double lecture et tout était normal ! En quelques jours, je pratique à nouveau ces examens, rien… Mais toujours cet écoulement et une masse dure. L’IRM trois semaines après montre en revanche un « réhaussement » de masse et la radiologue sans confidentialité ni ménagement m’annonce qu’il faut faire en urgence une biopsie, ça peut être grave et agressif… Ma gynécologue reprend alors la main, tous les examens sont faits au CHU.

L’annonce tombe après le week-end de Pâques, au téléphone avec une tentative de délicatesse mais ça n’en reste pas moins un tsunami.

À ce stade on m’annonce une tumorectomie et de la radiothérapie. Une semaine plus tard le chirurgien me dit que ce sera une mastectomie avec reconstruction mammaire immédiate sans autre traitement.

Je suis dévastée à l’idée de perdre mon sein, il faudra que la psychologue me dise que cette mutilation vise aussi à me sauver pour avancer.

Très vite, je m’approprie ce nouveau corps, je lutte contre la fatigue et essaie de bouger selon les prescriptions médicales. Je prends soin de ma prothèse – choisie pour le moins de cicatrices possibles.

Au rendez-vous des résultats d’analyses,  le labo est en retard et je vis un choc de ne pas savoir à la date prévue. Personne n’aura pensé à me prévenir pour éviter de stresser… Une semaine d’attente pour apprendre qu’il y a deux foyers micro infiltrants et une métastase sans effraction capsulaire dans un ganglion sentinelle. S’ensuivent alors 25 séances de radiothérapie. Il me faut lutter pour préserver les vacances avec mes grands enfants, le radiothérapeute ne me parlant que de l’organisation de son service…

La radiothérapie se termine, enfin cette semaine de vacances arrive. Mais je suis fatiguée et je découvre l’ampleur de mes troubles cognitifs qui vont même jusqu’à m’empêcher de jouer aux cartes !

Septembre sera un des mois les plus difficiles, plus de traitement si ce n’est une hormonothérapie et une ménopause chimique qui m’angoissent. Je me sens seule, diminuée, amputée… Entretemps, j’ai rompu avec mon compagnon, notre relation avait 18 mois et malgré sa connaissance du cancer pour avoir traversé celui de la prostate, il ne supportait pas ma fatigue, ma vie au ralenti et ne pensait qu’à faire la fête, sortir avec ses amis, n’imaginait même pas que je puisse accepter les effets de l’hormonothérapie pour notre vie de couple !

Heureusement, pour me tenir la tête hors de l’eau, il y a l’activité physique adaptée, pilates et marche nordique et la boxe, ce sport que je découvre qui aura toujours pour effet de m’apaiser tout en me dynamisant. ET le groupe de femmes qui y participent !

Ce qui m’a vraiment aidée et qui a atténué les effets de l’hormonothérapie, c’est une prise en charge pour un stage de réadaptation pendant 14 semaines au cours duquel j’ai rencontré des personnes d’une rare bienveillance. J’en suis sortie en février 2024 transformée ; j’ai pu reprendre le sport si important pour moi, la natation, continuer la boxe, j’ai adapté mon régime alimentaire et je suis une nouvelle moi, prête à de nouveaux challenges et à vivre enfin pour moi.
Je suis toujours célibataire, entourée de mes enfants, ma famille, mes amis et mes animaux si précieux soutien pendant la maladie.

Je me sens de plus en plus prête à reprendre le travail dans quelques mois, d’ici-là j’ai deux randonnées de plusieurs jours. Je poursuis la reconstruction de mon sein avec le  tatouage médical du mamelon.

Au rayon des mauvaises nouvelles parce qu’il y en a  encore : la cicatrice de mon sein controlatéral est boursouflée et douloureuse. Je me bats depuis des mois avec l’assureur de mon prêt immobilier qui a une gestion déplorable de mon dossier et je lutte en conséquence contre les difficultés financières qui en découlent.

Mais je retrouve peu à peu l’énergie pour me battre contre les « tracas » financiers et administratifs… Quant à la cicatrice, c’est dur à accepter et peut être que cette reconstruction immédiate qui me semblait une chance a été trop vite décidée. J’espère en tous cas pouvoir à terme bénéficier d’un tatouage ornemental pour une nouvelle poitrine et un nouveau départ.

Ce témoignage pour dire que nous traversons de nombreuses étapes difficiles, c’est dévastateur, mais on se relève et on devient une autre personne qui sait se prioriser et penser à son bien être. Je ne regrette pas d’avoir pris le temps d’un stage de réadaptation pour me reconstruire de l’intérieur.