2008, année de mes 50 ans, découverte de mon cancer du sein. Le 16 Avril 2008, on m’annonce la maladie, on confirme le diagnostic. J’ai l’impression d’avoir percuté un mur à plus de 300 km/h… Pourquoi toutes les années en 8 sont elles pour moi des années de galère ? Je vais guérir, je vais y arriver… J’ai deux beaux enfants mon fils de 25 ans et ma fille de 19 ans, une gentille belle fille de 24 ans. Comment leur annoncer ? Je leur dis la vérité, simplement… surtout ne pas mentir et ne rien changer à leur projet. Ma fille a réservé un billet d’avion pour la Thaïlande, mon fils et sa chérie ont prévu de partir en Martinique. L’annoncer à mes sœurs, mes frères, mes parents. Mes amis : peut être que c’est contagieux car je n’ai plus de nouvelle de certains, d’autres ont été très présents et je les remercie régulièrement de leur soutien. Et il y a mon ami que j’ai rencontré quelques mois avant la maladie et qui m’a accompagné dans cette histoire. Toujours présent, toujours positif ! J’ai l’impression d’être dans un tourbillon. Tout va très vite… les rendez vous, les examens, les radios, les consultations… les questions et les réponses, les larmes et les craintes, l’optimisme et la peur… Je suis opérée le lendemain de la fête des mamans, ablation du sein et de la chaîne ganglionnaire. Six jours plus tard, je rentre à la maison. Les enfants reprennent leur travail. Mon fils et ma belle fille dans la ville rose, ma fille sur son île charentaise. Je suis seule à la maison et parfois le moral n’est pas top… Mais mon ami est présent, ma famille aussi. J’ai un excellent kiné qui me donne la pêche… un médecin traitant toujours présent et à l’écoute. Quelques jours de repos, le tourbillon reprend de plus belle, radios, examens, rendez vous, consultations… On me pose une CIP pour la chimiothérapie. Mi juillet, j’ai la première séance d’une série de six, toutes les trois semaines, avec en prime : nausées, vomissement, prise de poids, perte d’appétit, perte des cheveux, douleurs… Ces gestes qui sont difficiles à faire tant je souffre !!! Je vais y arriver, je dois tenir le coup pour mes enfants. Mon fils et ma belle fille ont décidé de repousser leur voyage. Mon fils vient de signer un CDI dans un nouvel emploi. Mi octobre, ma fille s’envole pour la Thaïlande où elle rejoint un ami pour des vacances bien méritées. Nous communiquons par internet et téléphone. Je suis contente pour elle et puis trois semaines ce n’est pas si long. Elle est revenue alors que je n’avais pas fini mes séances de chimio. J’étais très fatiguée et j’avais souvent pensé arrêter le traitement. J’ai tenu jusqu’à la fin et j’ai eu droit à un mois de repos avant la radiothérapie. Début décembre 2008, on diagnostique un cancer à mon papa. Vu l’âge (78 ans), il faut envisager un traitement loin de la maison et on est très inquiet. Mi décembre, on me fait la radiothérapie. Trente séances, des heures de route pour une irradiation de quelques secondes… avec pour résultat brûlures et une grosse fatigue… Les fêtes de fin d’année n’ont pas le même attrait que les autres années. Nous avons décidé de faire simple, la fatigue étant là. Mon plus beau cadeau a été la présence de mes enfants. Mi janvier 2009, on opère mon papa et les choses sont difficiles pour tout le monde. J’alterne mes séances de radiothérapie et les visites à mon père. C’est ma fille qui me conduit à son chevet. Période fatigante… Le 03 Février 2009, je finis la radiothérapie. Mon oncologue me confirme que je suis en rémission. Je suis très contente. Je dois le revoir dans deux mois. Rendez vous est pris pour le 03 Avril. J’ai plein de projet (reprendre mon emploi, faire la fête pour réunir et remercier tous les gens qui m’ont entourés durant cette épreuve)… Je suis fatiguée mais soulagée et heureuse du résultat. La fin du tunnel approche !!! Ma fille décroche un emploi qui lui plait. Mon père rentre aussi à la maison après trois semaines de soins. C’est à lui de suivre des séances de radiothérapie et de kiné. Mais, le 02 Mars 2009, ma fille est victime d’un très grave accident de voiture. Elle est admise en réanimation au CHU de Bordeaux dans un état très critique. Gravissime disent les médecins. Je suis très choquée, je ne dors plus. Je vais la voir tous les jours durant les heures de visite. J’oublie ma maladie, je ne me repose pas. Je constatais l’aggravation progressive et évidente de son état. Ce que les médecins nous avaient annoncé est arrivé… l’inimaginable, l’impensable s’est produit. A tout juste 20 ans, à 243 mois exactement, elle nous a quitté après 46 jours de coma, le 16 Avril (encore un 16…). Impression de déchirure physique, détresse profonde… plus rien ne sera comme avant. L’avenir paraît impossible à imaginer et à vivre sans Elle. La vie est devenue une impasse. La souffrance est indescriptible. Je ne soupçonnais pas un instant le vide immense de la séparation, l’absence et la douleur…. Mon ami est très présent. Heureusement qu’il est là. Les médecins redoublent de vigilance à mon égard. Deux fois plus de contrôle pour surveiller cet ennemi intime… Une longue période de dépression s’ensuit. Fin mars 2010, c’est mon père qui nous quitte. Il a développé un second cancer et à refusé de se battre. Il ne s’est pas remis de la mort de sa petite fille décédée à 20 ans. Nouveau coup dur pour moi… Les médecins ne veulent pas que je reprenne mon emploi, trop de pression. Je me bats, je réussi à obtenir une reprise à temps partiel en décembre 2010. La reprise d’une activité me fait le plus grand bien. Seul problème, mon supérieur direct me met «discrètement au placard » sous prétexte que je suis fragile… Cette situation dure plusieurs mois. Je tiens bon, je suis soutenue par mes collègues. A force de persévérance, je retrouve mes fonctions toujours à mi temps. J’ai vécu cette épreuve avec le soutien indéfectible de mon ami. Le 10 Septembre 2013, je viens d’être grand-mère d’une adorable petite fille. Trois mois après, je sors de chez mon oncologue. Il vient de m’annoncer qu’il me reverra tout les 2 ans car pour lui, je suis en état de rémission complète et totale. Je dois consulter mon gynécologue tous les six mois pour une visite de contrôle. Je suis contente. J’ai vaincu la maladie… avec l’aide de mon ange gardien. J’ai « refusé » de rechuter. Je me suis battue pour mes enfants, pour mon ami. Mon fils a perdu sa petite sœur et il est très malheureux. Il a besoin de moi, comme j’ai besoin d’eux. Il a beaucoup souffert pendant tous ces mois. Souvent nous parlons d’elle, nous sommes persuadés qu’elle veille sur nous. C’est elle notre ange gardien. Un jour en rangeant des papiers, j’ai trouvé dans un agenda de ma fille, à la date du 25 Mai 2008, jour de la fête des mères, une citation qu’elle avait entourée en rouge. « La route de la vie est parfois semée d’embuches… l’important est de ne jamais oublier que les épreuves ne sont rien de plus qu’une occasion de grandir et d’aller chercher au fond de soi une force et un courage qu’on ne connaissait pas… » Quand je ne vais pas bien, je relis cette citation. J’entends son rire cristallin, je revois son sourire. Elle est à coté de moi… C’est Elle qui me donne la force et le courage. Je dois lui faire honneur, qu’elle soit fière de sa maman… Elle me manque tellement…