Il y a 28 ans, une première biopsie s'était révélée négative, mais j'étais suivie tous les ans , et tous les ans, le même verdict :tout va bien.., à l'année prochaine! Cette année, j'avais oubliée ma mammo et c'est mon gyneco qui me le rappelle. "Oh! docteur, pour une fois, franchement, ça peut bien attendre, non? on saute un an ??" Il faut que je vous dise que nous devions partir en ESpagne pour 2 ans le 31 août, et j’avais bien d’autres préoccupations en tête lorsque ma gyneco m’en parle début juillet. Alors j’insiste « ..vous croyez vraiment que c’est nécessaire ? » Elle me fait valoir que je serai plus tranquille, et partirai décontractée. Après tout, elle a raison, j’y vais. Et là, je tombe de haut lorsque le radiologue me dit qu’il y a quelque chose de pas net, oh, rien, certainement mais bon, mieux vaudrait faire une biopsie.., j’éclate « mais enfin, je pars dans 2 mois, je n’ai pas de temps à perdre, est-ce que ça ne peut attendre un an, lorsque nous reviendrons en Auvergne pour l’été ? » « Oui, peut être, mais voyez quand même avec votre gynéco… » Je décide de ne pas faire cette biopsie mais retourne quand même chez mon toubib qui m’explique alors avec patience mais fermeté, que ce n’est sans doute rien, mais que si nous nous trompons les conséquences peuvent être gravissimes. Je rentre à la maison la mort dans l’âme, car j’habite en pleine montagne un petit village, il me faut faire 170kms A/R pour me rendre au centre anti cancer, obtenir des rendez vous avec une équipe médicale, bref je me demande comment je vais faire pour être prête pour partir fin aôut, car je suis toujours persuadée que je n’ai rien ! Finalement j’arrive à mes fins et tout se passe très vite, je tombe sur des personnes qui comprennent la situation et essaient d’arranger les choses sans traîner. Le 20 juillet , verdict : c’est un cancer…j’ai l’impression qu’il s’agit de quelqu’un d’autre, ce n’est pas possible, ça ne peut pas m’arriver à moi ! moi qui part dans 5 semaines…Et là je me dis, bon, si vraiment c’est ça, une seule solution : que cela se passe le plus vite possible, je m’en débarrasse, quelques rayons et basta…c’est le discours que j’ai tenu au chirurgien éberlué, qui me répond « mais madame, il vous faudra 6 semaines de rayons, qui ne pourrons commencer qu’un mois après l’opération, et peut être de la chimio, tout dépend de ce que je vais trouver ! » Et moi, superbe « Ah !non, pas de chimio, docteur, je n’ai pas envie de perdre mes cheveux, et puis vous allez me porter la poisse avec vos pronostics, moi je pars en Espagne, alors opérez moi vite fait, et ne me sapez pas le moral !» Finalement il a été drôlement sympa et m’a trouvé un créneau pour une opération le 21 août…j’entame aujourd’hui à ma 4ème semaine de rayons et je n’ai pas de chimio…notre départ est prévu le 20 novembre ! nous sommes loin des 6 à 12 mois annoncés au départ lors de la 1ère consultation. Morale de ce récit : il faut accepter la réalité mais refuser le catastrophisme…dès le départ j’ai refusé de remettre en question tous mes projets, en me disant, ma fille, le monde ne s’arrête pas de tourner, tu vas faire un pas après l’autre, et chaque étape à franchir (biopsie-attente des résultats-attente de l’opération-démarrage des rayons ) représentait un but en soi qui me propulsait vers le but ultime : notre départ…J’ai réussi à cloisonner chaque palier en refusant d’accepter que cela puisse tourner à mon désavantage. Se battre, dire non, croire qu’on va s’en sortir…moi, je n’ai voulu en parler à personne jusqu’à mon opération, sauf mon mari. Et maintenant, seuls mes proches et quelques amis sont au courant…et vous ! un cancer, inutile d’en parler aux bien portant !seuls ceux qui ont souffert peuvent comprendre … Et moi après tout, je n’ai eu qu’un petit cancer de rien tout, pris à son tout début, alors je ne vais pas m’étendre sur les quelques désagréments de l’opération et du traitement de la radiothérapie. Je n’en ai pas le droit. J’ai été profondément émue par toute ces femmes, souvent jeunes, qui racontent leur souffrance sur le blog de Catherine Cerisey que j’ai découvert aujourd’hui. Je pense à elles et je leur dis : ne lâchez rien…vous n’êtes pas seules, nous sommes toutes sœurs dans la maladie.