Malgré 20 ans à taper, imprimer, poster et classer des documents sur le cancer du sein, je n'était pas préparé à cela! En décembre 2008, lorsque j'ai vu une portion de la grosseur d'un centimètre sur mon sein comme de la dentelle ça m'a paru anodin. À deux centimètre le lendemain ça ma paru bizarre, au toucher, j'avais l'impression que ma peau avait épaissie. Dans la même journée, une douleur sourde, profonde est apparue. Alors que je classais des documents dans un tiroir à la hauteur de poitrine, je réfléchissais à mon voyage que je me préparais à faire à la Riviera Maya, j'ai tiré sur ma brassière afin d'être plus confortable et je me suis dis "est-ce que je me suis cognée quelque part récemment?" -"Qu'est-ce qui se passe, Suzanne?" c'est ma collègue infirmière de recherche. Je lui réponds rien... que mon sein est simplement bizarre. Elle me pose d'autre questions et me propose d'aller passer une mammographie immédiatement (nous travaillons dans un centre hospitalier) et qu'une infirmière sur place pourrait m'examiner. Ce que je ne sais pas, c'est qu'il existe un cancer du sein agressif et à évolution très rapide, le carcinome inflammatoire, dont les symptômes ressemble à ceux d'une mastite. Je lui dit pas besoin, que ça va passer, et quand bien même ce serait un cancer j'ai bien le temps, je m'en inquiéterai à mon retour de vacances. Et "que de toute façon un cancer ça fait pas mal, et ça pique pas" dis-je en riant. ERREUR! A mon retour de vacances, mon sein était gros comme s'il contenait un pamplemousse, dont il avait la texture d'ailleurs, il était rouge, dur, douloureux et démangeait. En moins d'un mois le diagnostique tombait: cancer inflammatoire du sein stade IIIB, Her2 positif. Puisque la masse fait plus de 5cm, il est inopérable, il faut donc 6 mois de chimio en espérant que la masse réduise suffisamment afin d'effectuer une mastectomie et un évidement axillaire. Puis 6 semaines de radiothérapie en même temps qu'une année de traitement ciblé. Je n'ai pas eue beaucoup le temps de souffler. Alors que j'étais heureuse de me retrouver à 3 ans du diagnostic (la survie à 5 ans de ce cancer est de 40%), un souffle court m'a fait retourner pour des tests, qui ont révélés une masse de plus de 4.5cm dans le poumon gauche - coté de la mastectomie, ainsi que des métastases tout le long de la colonne, dans le bassin et au fémur. Retour en chimio, et ce coup-là ce sera à vie, puisque je suis maintenant stade IV (cancer avancé) et les traitements visent à contrôler la maladie, pas à la guérir. Très impliquée dans les groupes de femmes ayant un cancer du sein, je me rends compte à quel point on parle peu du cancer du sein métastasé, qu'il y a peu ou pas de groupe de soutien, l'information est rare, et l'espoir - encore plus rare. Et pourtant il est possible de vivre cette période de façon fructueuse, avec un peu d'aide...