J'ai rendez-vous le 7 juin à 19 h 15, avec ma gynécologue, afin qu'elle me transmette les résultats de la micro-biopsie. Ceux-ci ne sont jamais donnés par téléphone pour le cas où l'interlocutrice serait seule chez elle et risquerait de "tomber dans les pommes". C'est ce qui m'a été dit...
Je suis étonnée qu'elle me donne rendez-vous à une heure aussi tardive et ressens une insécurité.
C'est malgré tout, d'un pas ferme, que je me rends sur le lieu de consultation.
L'accompagnement de papa, en soins palliatifs, au-delà de la douleur immense ressentie, m'a aussi procuré, paradoxalement, une certaine force : celle que donne l'amour inconditionnel. Cette force puisée en mon coeur et mon âme qui m'a permise, ainsi qu'à ses proches, d'être auprès de lui quasiment jusqu'au son départ...
La salle d'attente est vide, j'y reste un bon quart-d'heure avant de voir apparaître ma gynécologue.
Elle me fait entrer dans son bureau et me présente ses condoléances, me demande ensuite ce qui est arrivé à papa. Je lui dis le passage douloureux et la sédation puis je marque un temps de silence car des images difficiles apparaissent devant mes yeux. C'est alors que je l'entends me dire : "on va continuer dans les mauvaises nouvelles".
C'est comme cela que j'ai appris que la bête était en moi. Je suis alors entrée dans un autre temps.
Ma première réaction a été de la colère. Je me suis soumise, comme un brave petit soldat, depuis plus de 15 ans au dépistage systématique et aux mammographies de contrôle. La dernière était encore bonne. Elle ne présentait aucune anomalie suspecte. Comme je l'exprimais dans un billet précédent, j'ai eu le sentiment d'avoir été trompée notamment par le mot "prévention" (assimilé à découverte à temps d'un cancer avant qu'il ne soit trop agressif).
Ensuite, j'ai pleuré abondamment sur son bureau et sur mon dossier de mammographie.
Le trop-plein s'écoulait de mon être.
Ayant repris du poil de la bête, je lui ai demandé :
" depuis quand cette lésion cancéreuse est-elle
en moi , ma gynécologue m'a répondu : "Dieu seul le sait"...
Depuis cette annonce, je me suis prise en mains et j'ai décidé d'aborder le cancer comme une maladie globale de l'âme et du corps.Le plus difficile a été de l'annoncer à mes fils. âgés de 20 et 22 ans. Je ne pouvais faire autrement que de leur dire.