Je me prénomme Moétu, je rentre dans ma 57ème année et je vis sur une petite île dans le Pacifique au nom rêveur de Tahiti. Mon histoire ressemble à bien d’autres récits, mais c’est de la mienne dont je tenais à vous faire part. Que dire de plus sur ce fléau appelé « cancer »… Beaucoup selon moi et surtout beaucoup reste encore à faire à tous les niveaux !

Contre lui les combats se gagnent mais beaucoup se perdent aussi. Il y a également ce temps d’incertitude « la rémission » où tous les espoirs sont permis. On se met à y croire tout en sachant que rien n’est jamais acquis avec un mal aussi sournois.

On doit alors réapprendre à vivre et considérer les choses d’une toute autre façon et notre vision de la vie est complètement bouleversée. C’est alors une lutte contre le temps qui s’engage car c’est en fait le combat de toute une vie.

Mon chemin de croix à vraiment débuté le 11 février 2010, date à laquelle j’ai subi une mastectomie gauche (ablation du sein gauche). Je dois avouer que je l’ai très mal vécu car j’avais perdu tout ce qu’il y avait de féminité en moi.

Accepter ma nouvelle image fut vraiment difficile car la honte de mon corps mutilé était plus forte que tout. Je me souviens encore des jours passés repliée sur moi-même. De ces nuits sans sommeil à pleurer toutes les larmes de mon corps car ma souffrance morale s’ajoutait à mes douleurs physiques.

S’en suivront :

  • Les séances de chimio au Centre Hospitalier Territorial de Mamao -Tahiti
  • Un nouveau visage car perte capillaire et boule à zéro
  • Trois longs mois, loin de ma famille et de mon île pour la radiologie à Gustave Roussy à Villejuif – France
  • Je vous passe les détails du lourd traitement médicamenteux et des séances douloureuses de kinésithérapie

En avril 2016 pour couronner le tout, j’ai subi une polypectomie hystéroscopie, en d’autres termes une ablation de polypes utérin, tumeur certes bénigne mais pouvant évoluer vers une autre forme de cancer, bref la totale quoi !

De nos jours s’ils sont détectés à temps, 3 cancers sur 4 sont guéris (pour les types les plus courants). Cependant le retour à une vie ‘normale’ peut être éprouvant après des mois de traitements sans compter les répercutions physiques et émotionnelles que cela entraîne. Il faut redonner confiance aux personnes marquées et meurtries à jamais dans leur chair.

Aujourd’hui je me bats chaque jour que Dieu fait, j’ai relevé la tête et je ne m’apitoie plus sur mon sort. Je pense que la vie est vraiment belle sous toutes ses formes, c’est pour cela qu’il ne faut rien lâcher car la moindre petite lueur d’espoir peut nous maintenir en vie.

Courage à toutes celles qui ont vécu et qui subissent actuellement cette maladie.