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« Témoigner procure du sens à sa propre existence et permet à d’autres d’en tirer avantage. »
Philippe Bataille, sociologue
« Au début, comme pour tout le monde je présume, c’est un vrai choc. Mais pas le choix, il faut y aller, il faut vite commencer le « parcours du combattant » ! Les examens s’enchainent tellement vite qu’il n’y a pas de temps pour la réflexion, ni pour s’apitoyer sur son sort ! »Alors qu’elle se trouve dans la salle d’attente pour son premier rendez-vous chez la cancérologue, Sandra aperçoit une affiche dans le couloir avec des chiffres sur le nombre de cancer par an et le nombre de décès. Au moment, où elle entre dans la salle de consultation, elle demande au médecin : « Vu ce qui est écrit sur l’affiche, je vais mourir, c’est ça ? ». C’est à cet instant précis que Sandra se dit qu’elle aimerait voir des choses qui redonnent un tant soit peu le sourire (généralement égaré), sur les murs des hôpitaux souvent glauques, même si cela parle du cancer et des effets secondaires. Quand la deuxième chimio arrive, Sandra se réveille un matin avec une illustration précise en tête.
« À la base je suis issue d’une école de cinéma, puis je me suis formée au graphisme en 2007. Il n’a jamais été dans ma volonté de devenir illustratrice et de créer des illustrations. Mais voilà, quelques jours plus tard je créé une petite illustration sur mon ordinateur, pour expliquer à mes proches que je m’absente du net quelques jours pour aller chercher ce que j’appelais « ma potion magique ».Une illustration pleine d’humour, qu’elle a ensuite postée sur son profil personnel Facebook. C’est de cette façon que Sandra a commencé à partager des illustrations au fur et à mesure des traitements pour permettre à son entourage de comprendre ce qu’elle vivait, sans mettre de mots, et avec une pointe d’humour. [gallery columns="2" size="medium" ids="20505,20504"] Son entourage, amusé, lui a alors conseillé de les partager « Tu devrais les montrer à d’autres patients, ça pourrait les faire (sou)rire ! »
« Quant à moi, cela m’a permis d’exorciser ma peine : rire pour ne pas pleurer, rire pour dédramatiser. »Un an plus tard, Sandra a commencé à exposer ses illustrations dans l’hôpital où elle était suivie, puis à d’autres occasions comme Le Triathlon des Roses organisé par la Fondation Arc, ou encore des journées dédiées « Octobre Rose ». Repérée par la délégation de Agde de La Ligue contre le cancer, et voyant que Sandra faisait aussi de la photographie, on lui propose, en plus de cette exposition d’illustrations, de faire une exposition photos itinérante dans le cadre de la « Semaine Rose » qui s’est déroulée du 2 au 9 octobre, à Agde.
« J’ai découvert la photo assez récemment durant la maladie. Ayant beaucoup d’amis artistes, j’ai commencé à « m’entraîner » sur eux ! Puis c’est très vite devenu une passion dans laquelle je me réfugiais de plus en plus car elle me permettait d’oublier les moments difficiles que je traversais.[caption id="attachment_20495" align="alignright" width="214"]
Cette exposition, je la dédie à Sabrina, une étoile qui a filé au mois de mars dernier à l’âge de 19 ans. La personne la plus forte et optimiste que j’ai rencontrée à ce jour, et qui m’a énormément appris et apporté du haut de ses 19 ans."Aujourd’hui, j’ai envie (et j’essaie, à ma façon bien sûr !) de continuer ce qu’elle a entrepris : aider les gens autour de soi à mieux vivre le cancer en véhiculant un message positif, en luttant contre les préjugés, le regard des autres qui peut parfois être cruel (et cela, de par ma paralysie faciale due à une maladie orpheline Le Syndrome de Moebius, je ne le sais que trop bien hélas…). Sabrina croquait la vie à pleine dents et relevait tous les défis, elle faisait même du ski avec une jambe en moins ! :-) Elle redonnait espoir grâce à sa joie de vivre communicative, à toute épreuve. Voilà pourquoi elle portait si bien son surnom de Wonder Sabou ! Bien sûr le cancer n’est pas une épreuve facile, et on ne peut pas être positif tous les jours, mais cela ne doit pas nous empêcher de continuer à vivre et à sourire." Le cancer a petit à petit amené Sandra à faire de la photographie. « Aujourd’hui, c’est ma vie, je ne me vois pas faire autre chose. Depuis un an, je fais du bénévolat en tant que photographe pour l’association « On est là » et également l’association « Juste Humain » (dont Sabrina était aussi membre NDLR) qui propose, entre autres, des rencontres musicales hebdomadaires à l’Institut Curie, dans le service adolescents et jeunes adultes. Les gens autour de moi comprennent difficilement ce besoin d’investissement et cette envie de continuer à « baigner dans le cancer », mais il est important pour moi de donner ce que je n’ai pas forcément reçu durant mes traitements. Une chose est sûre, c’est que ce cancer a vraiment changé ma vie, il a transformé mon caractère et ma manière de voir les choses. Je relativise sur tout et j’apprécie chaque petit instant de bonheur que je percevais pas vraiment« avant »…"
Alors « Crabus » (oui c’est son petit nom !), je t’aime autant que je te haïs car, même si c’est assez compliqué à reconnaitre, tu m’as presque donné autant que tu m’as repris… Et comme disait Sabrina : « N’oubliez pas de kiffer la vie ! »Page facebook PHOTOS : https://www.facebook.com/sandrasanji.photo Page facebook ILLUSTRATIONS : https://www.facebook.com/sandrasanji.rose