Je savais déjà que c’était un cancer. Nouvelle information, il s’agit d’un carcinome canalaire « in situ » (ben voyons !) à rehaussement très rapide en plateau, (re ben voyons !) très étendu, plus étendu que le foyer de micro calcifications. Cancer pris très tôt, certes, mais qui nécessite une opération large, très large et dans un délai rapide. Je suis mortifiée. Ce n’est pas une simple opération, suite à un cancer, non, c’est une mastectomie. Carrément l’ablation du sein ! Je vérifie sur internet le sens exact de ce mot si vilain qui me terrorise et les images m'arrivent en pleine figure. L’horreur ! Voilà ce qui m’attend. Opération prévue le 19 novembre. Le traitement ou l’absence de traitement sera déterminé suite à l’analyse de la "pièce prélevée".  Encore des analyses,  encore des attentes de résultats. Je pense tout haut, comme pour me donner du courage.   "Je vais SIMPLEMENT me dire que c'est un tout petit cancer soigné en deux temps trois mouvements !! Je vais être OPTIMISTE. Pourquoi pas une cancéreuse qui voit la vie en rose ?!" … …J'attends les derniers résultats qui détermineront si oui ou non je devrai subir un traitement. Chimiothérapie ou radiothérapie. Peut-être les deux ! Je crains le pire mais ose espérer le meilleur.   1er décembre. Rendez-vous à la clinique. Le chirurgien a eu les résultats. Mon fils Adrien tient absolument à m'accompagner. Il a besoin d’être auprès de moi. Le médecin, très vite vient chercher le seul couple présent dans la salle d‘attente en jetant un regard vers notre direction. Adrien, à la recherche du moindre signe, scrute cet homme qui le regarde en souriant. - "Maman, il a souri. Je te jure qu’il a souri ! Donc ça ne peut pas être une mauvaise nouvelle. Sinon, il n’aurait pas souri !  T‘es d‘accord ?"   J'ai le cœur qui bat. Une seconde, je pense que mon fils a raison. C’est vrai pourquoi aurait-il esquissé un sourire s’il devait annoncer une mauvaise nouvelle ? Il aurait pu détourner son regard. Mais non. C’était un regard franc, direct ! Vraiment !   Excitation, angoisse.  Adrien me serre dans ses bras. Il est optimiste et essaie de trouver la confirmation de son espoir dans mes yeux. Le temps passe, très vite pour une fois. Le couple sort et le médecin nous accueille avec un ENORME sourire. -  " Tout va bien ! C’est bon." Adrien est fou de joie. Je n’y crois pas ! Je pleure (encore, quelle bécasse !) mais de joie, de bonheur, de soulagement. Je répète sans cesse : - " Je suis guérie ? Je suis guérie !" Comme si mon vocabulaire, en quelques minutes, s’était restreint à ces trois petits mots. Les plus beaux mots du monde. Les plus magiques. Les plus doux. JE - SUIS - GUERIE Je me concentre pour écouter quand même les explications que me fournit mon chirurgien : "Oui, vous êtes guérie. Pas de traitement. Rien. Les ganglions sentinelles ne sont pas touchés." Il lit à haute voix un extrait du fax :"… Les lésions du CCIS sont visibles jusqu’à 1 mm des berges…" Je ne comprends pas tout. Il précise que ce tout petit millimètre fait la différence. Grâce à lui, à ce petit millimètre de rien du tout, j'évite les traitements. Et les emmerdes ! Comme pour mon premier cancer un petit millimètre me sauve ! Encore une fois, j'ai de la chance ! Je serre Adrien aussi fort que je peux. Les larmes coulent. Nous sortons, transportés par cette merveilleuse nouvelle. Mon fils bafouille, pose des dizaines de questions. Il ne sait plus où il en est. La tête à l’envers. Il m’embrasse encore et encore. Heureux. Tellement heureux ! Sa mère est sauvée. Enfin, une bonne nouvelle. La meilleure depuis des mois.