Chers ami(e)s , chère famille, Merci d’être venus pour l’enterrement de mon sein gauche !

Malgré son arrivée tardive, vers 16 ans, il a vécu une vie plutôt agréable.

D’abord plutôt fier et pointé vers le haut il est ensuite tombé en amour pour l’apesanteur.
Avec le temps vous l’aurez compris, il a changé de look plusieurs fois…

Il m’a parfois testée quand il me tiraillait de douleurs avant les règles, alors je le massais avec une crème anesthésiante quand il était trop pénible.

Lui et moi on s’est aimé encore plus quand je suis tombée enceinte pour la première fois.
En fin de grossesse il a même atteint fièrement un 95 E.
Il a alors vécu son apogée, gorgé de lait, jaillissant à chaque cri d’enfant que cela vienne de la chambre de bébé ou d’un autre enfant à la TV…

Il mouilla mes tee-shirts, mes soutiens gorge , la tête de mon mari, agrémenta mon bain et remplit mes bacs de congélateur quand il fallu reprendre le travail et que je tirais mon lait plus productive encore que la meilleure des
charolaises.

Il vécut les plus beaux moments de sa vie en nourrissant deux enfants. C’est dans ces deux moments-là qu’il se sentit le plus utile et qu’il eut l’impression de remplir enfin sa mission de vie.

S’il était là aujourd’hui, il vous dirait que ces images-là elles restent gravées toute une vie.

Mon sein gauche connu aussi plusieurs histoires d’amour, dont 3 plus importantes et plus longues.
Il connut donc l’amour, la passion , la fougue, le rapport charnel… timide puis assumé, avec le temps il apprit à se dévoiler plus facilement, il laissa la pudeur s’envoler pour donner place à une forme de fierté.

Il aimait parfois pointer le bout de son nez dans un frisson, un coup de vent, une bataille de chatouille ou une caresse…

Ses derniers mois de vie furent plus douloureux, il fit le panini entre deux plaques pour une mammographie, enchaina un dizaine de biopsies et termina sa vie dans un bloc opératoire en se faisant torturer par des outils chirurgicaux.

Cher sein gauche, cher sein du cœur, merci pour ce que tu m’as donné, merci d’avoir nourri mes enfants, de m’avoir donné du plaisir, de m’avoir aidé à draguer en boîte de nuit, et d’avoir rameuté des potes sur la plage.

Je t’ai parfois négligé, je t’ai même trouvé laid après deux grossesses et deux allaitements alors que je t’ai trouvé beau quand on m’a dit que tu allais disparaître .

Pardon de t’avoir trop souvent contraint dans des armatures blessantes, à refaire je te laisserai vivre ta romance avec l’apesanteur.

Il est temps de te dire au revoir.

Mais surtout ne m’en veux pas… si un jour je te remplace… tu seras toujours premier dans mon cœur.

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