J’avais déjà publié mon témoignage.

Depuis 14 ans, le combat est quotidien et sans rémission. Entre l’opération, la radiothérapie, les 8 chimios différentes, le test clinique, les visites à l’hôpital, le traitement toutes les 3 semaines, je suis encore debout.

Mon pilier de vie, mon coeur jumeau, celui qui m’a toujours soutenue et aidé à avancer dans ce combat inégal, est parti fin mai foudroyé par un cancer du poumon. Jamais je n’avais envisagé un tel scénario.

Qui lèvera le pouce à l’annonce des bons résultats des contrôles trimestriels ? Qui me prendra par les épaules et me tiendra la main quand ça sera moins facile ? Qui continuera à rire avec moi, à sourire de la vie, à vivre nos passions ? Qui ?

En deux mois, il est parti. Dans la souffrance. On traite parfois les animaux en fin de vie. En Belgique, si vous n’avez émis le souhait de mourir dans la dignité en remplissant un formulaire, on vous laisse partir et peu importe le temps que ça prend. Je suis perdue, je suis triste.

J’ai expérimenté le rôle d’accompagnant. Pour la première fois. Et je me suis rendu compte à quel point il était difficile de continuer à sourire, à soutenir le malade, quand on sait que c’est la fin.

Je me dis qu’il a dû affronter tout cela depuis 14 ans, sans jamais se plaindre, en gardant ce sourire implacable qui me plaisait tant. Comment n’ai-je pas anticipé le fait qu’il était malade ? Pourquoi n’ai-je pas pu être plus efficace dans ce soutien compliqué ?

Beaucoup de questions qui ne trouveront désormais plus de réponses. Je suis encore debout. Mes contrôles sont impeccables. Je continue le traitement, mais il manquera jusqu’à mon dernier souffle.

Je dois apprendre à apprivoiser le manque physique, nous étions si fusionnels depuis 20 ans. Un regard, un geste, un silence suffisaient à nous comprendre. Nous avions bâti cette bulle unique qui s’appelle amour, respect et passion. Se dire que plus jamais, il ne passera la porte en disant « Salut ma Pépette, c’est coeur jumeau ».

Mais il vit dans mon coeur. J’ai toujours suivi la loi du « ne jamais laisser tomber » et je continuerai pour lui, parce qu’il l’aurait voulu.

Je voulais lui rendre cet hommage sur une page dont il fait maintenant partie.

Je voulais dire à tous ceux et celles qui sont dans le combat qu’il ne faut rien arrêter, qu’il faut se battre contre vents et marées, qu’il faut continuer à avancer, car la vie est belle malgré tout. Il ne faut pas oublier de dire aux gens qu’on aime, qu’on les aime tant qu’ils sont près de nous.

Il y a plus de 5 ans, Loreta témoignait déja sur Chaîne Rose >> Lire le témoignage de Loreta