J’étais guérie en juin 98 et en juin 2018 c’est revenu… Alors que Hodgking était aux oubliettes, le cancer a retapé à ma porte 20 ans après, au mois près ! Mais je me dis heureusement que j’ai eu un cancer au sein parce qu’on m’a trouvé ce que j’avais au cœur. Comment aurais-je pu penser dire cela un jour ? 

Johanna a 42 ans, elle est jolie, souriante, sémillante ! Elle annonce fièrement être la maman de 3 garçons : Noam 14 ans, Liam 11 ans, et Adam 9 ans. Elle vit à paris à côté des Buttes Chaumont où elle emmène souvent son plus jeune fils se balader.

En 1998, alors qu’elle a 21 ans, Johanna est touchée par un lymphome Hodgkinnien qui sera traité avec chimiothérapie et radiothérapie.

20 ans plus tard, en juin 2018, un nouveau cancer frappe dans son sein…

Dès le mois de juin 2018 une chimio lui est prescrite mais elle doit tout d’abord faire une échographie cardiaque à l’issue de laquelle elle s’entendra dire « il y a quelque chose de bizarre, Je ne saurais vous dire… ».

 

 Un mixome cardiaque dans le ventricule gauche

« Tous les jours je me faisais moi-même une piqûre dans mon ventre pour faire partir ce tissu qui ne s’est finalement pas résorbé. Il a donc été décidé de m’opérer pour urgence vitale. J’ai pris la mesure de ce que j’avais quand le monsieur de la radiothérapie m’a dit :

– « Vous ne mourrez pas du cancer du sein mais ce que vous avez au cœur peut être très grave ». Ce jour-là le problème cardiaque a pris le pas sur le cancer et j’ai dû stopper dès le mois d’août la chimiothérapie.

Je ne me suis pas intéressée au mot « mixiome », tout ce qui est anxiogène je l’ai évité, il fallait m’opérer, je me suis dit « fonce, ça va bien aller, entoure-toi de positif ».

Le 18 octobre (5 semaines après l’opération) on m’a enlevé la tumeur et toute la chaine ganglionnaire. Une chirurgienne exceptionnelle m’a fait de la haute couture, je vénère cette femme, grande, canon, brune aux yeux verts… La première fois que je l’ai vue j’étais interloquée – « c’est vous le chirurgien » ? Elle m’a regardé en me répondant « oui et vous vous attendiez à quoi ? » (sourires)

Elle m’a reconstruit le sein directement et cela ne se voit quasiment pas. À la limite ce qui m’ennuie le plus c’est la cicatrice du cœur maintenant !

 J’ai été portée psychologiquement par mon entourage

Après un mois d’hospitalisation les séances de chimio ont pu reprendre « normalement ».

Au début ma mère m’accompagnait mais j’y allait tellement « peace and love » que ma mère encaissait pour moi, tant et si bien qu’au bout de la deuxième chimio je lui ai dit que je poursuivrai seule.

J’ai été portée psychologiquement par ma famille 5mes enfants, mes frères,  mes sœurs, mon beau-frère, ma belle-soeur…) et mes collègues !  J’ai vécu chez ma mère et mon beau-père que je considère comme mon papa, j’ai pu parler à mon père génétique, je me suis libérée à cette période. Mon mari s’est occupé des enfants, de son papa disparu récemment, mais pour lui, il ne pouvait plus m’aider comme il l’avait fait la première fois. Mes frères se sont rapprochés de moi, mes amis et ma responsable professionnelle qui partage la même chose que moi, sont très présents. Ma petite sœur a eu une petite fille, c’est l’exemple des événements heureux me portent.

Plusieurs personnes de mon entourage ne sont pas épargnées par la maladie et elles me disent souvent « arrête de faire la forte tu vas tomber après ». Mais pourquoi je tomberais après ?  J’ai vécu des trucs de fou mais pourquoi je tomberais ? aucune raison !

Je pense à moi et me dis que la vie doit être menée sans les personnes toxiques, il faut se faire plaisir. Je suis avec le « smile » et quand je dis «j’ai 42 ans, 2 cancers et une opération à cœur ouvert » les personnes autour de moi ne peuvent qu’aller mieux ! Ça sert à quoi de faire la tête, j’ai envie de rayonner !

 Créer une chaîne entre femmes est important

J’ai récemment suivi un atelier d’esthétique avec 2 socio-esthéticiennes bénévoles c’était top, nous étions 8, toutes différentes mais avec ce point commun : le cancer. C’est rassurant de ne pas se sentir seule. A la fin de la séance nous nous sommes toutes échangé nos numéros de téléphone.

Ce matin encore j’étais dans la salle d’attente du médecin que je vois tous les mardis et deux femmes parlaient devant moi, je n’ai pas pu m’empêcher de les écouter « moi c’est hormonal » « et vos sourcils, et vos cheveux comment avez-vous géré ? »… Évidemment je me suis identifiée… À un moment elle se sont tournées vers moi, nous avons parlé, et avons échangé nos numéros !

J’ai envie d’apporter du sens à tout ce qui m’arrive… Si je n’en fais rien c’est dommage, c’est l’histoire de ma vie et je veux le meilleur pour les gens, j’aime transmettre et partager.

C’est là que l’on sent toute l’importance de créer une chaine entre femmes et c’est pour cela que Chaine Rose a du sens.

(Propos recueillis par Laurence Dardenne pour Chaîne Rose)