J’avais 53 ans lorsque l’on m’a diagnostiqué un cancer de la prostate. Etant dans une famille à risque, j’avais demandé un dosage du PSA1 à ma généraliste à 51 ans. Mais elle n’a pas bougé… Résultat, deux ans plus tard, j’ai dû subir une chirurgie, une radiothérapie et une hormonothérapie. Avoir ce cancer m’a ouvert les yeux et permis de me recentrer. J’ai eu envie d’aider les autres, d’où mon implication auprès de Cerhom.

Aujourd’hui, j’essaie de rassurer ceux qui apprennent qu‘ils ont un cancer. De leur donner des conseils. De leur parler des soins de support. Par exemple, quand ils redoutent d’avoir des bouffées de chaleur à cause de l’hormonothérapie, j’essaie de minimiser un peu en leur rappelant qu’il nous arrive -momentanément- ce qui arrive à toutes les femmes. Je leur dis que ce n’est pas si grave et que cela disparaîtra à la fin des traitements. N’oublions pas que l’objectif, c’est de stopper le cancer !

A ceux qui n’osent pas parler de leurs problèmes d’incontinence, ou qui me disent qu’ils doivent porter des protections, je propose de voir un kiné. Car il y a des solutions. Là encore, je joue la carte de l’humour, en leur glissant : « hommes et femmes, même combat ! ». Pour casser les tabous, en plus de l’humour, il faut multiplier les occasions d’en parler.

C’est le but du Prostate Tour, une exposition itinérante qui consiste à visiter une prostate géante en la traversant, afin de sensibiliser le public aux maladies de la prostate, dont le cancer. De plus en plus d’établissements hospitaliers et d’entreprises se saisissent du sujet. 

Reste qu’il faudrait davantage dépister et former les médecins. Car tous les généralistes ne proposent pas de toucher rectal avec la recherche du taux de PSA dans le sang à partir de 50 ans. Or, c’est très important. Même si c’est un peu plus délicat quand le médecin est une femme… Mais un cancer de la prostate dépisté suffisamment tôt, c’est l’assurance d’être soigné et guéri. L’arsenal thérapeutique évolue sans cesse et se déploie rapidement. Dans une certaine proportion, ce cancer, qui touche de plus en plus d’hommes encore en activité, est en train devenir une maladie chronique.

1Le PSA, autrement dit Antigène Prostatique Spécifique, est une protéine présente naturellement dans le sang et qui permet de mesurer la présence et le développement de cancers liés à la prostate.