Je m’appelle Fanny, j’ai 21 ans. Je combats actuellement ma seconde récidive de tumeur ovarienne.

Tout cela a commencé après mon baccalauréat en 2015, à l’âge de 18 ans.

On m’a décelé, juste après mes épreuves du bac, une tumeur rare de Sertoli-Leydig à l’ovaire droit. Celle-ci pesait 3kg et s’était développée sans que je ne ressente quoi que ce soit. L’ovaire était hélas irrécupérable donc on me l’a enlevé.

Les médecins se sont dit qu’une opération était suffisante mais 1 an et demi plus tard, en février 2017, à quelques jours de mes 20 ans, j’ai eu le droit à ma première récidive toujours très localisée. Cette fois-ci sur le péritoine. Ainsi débuta ma première chimiothérapie (21 injections sur 9 semaines).

Mes études ont été complètement bouleversées par cet événement et, comme beaucoup de femmes à qui cela arrive, j’avais décidé à l’époque d’ouvrir à blog pour mettre mes maux en mots. Cela me permettait de témoigner, me souvenir, partager à d’autres car je m’étais sentie très seule dans l’épreuve. Ayant une tumeur rare avec peu de statistiques, je n’avais aucun jeune de mon âge avec qui en parler.

Pendant cette première chimiothérapie, j’ai appris la richesse de l’amour, des amis, de l’entourage. Dès lors que mon énergie était un minimum satisfaisante, je sortais, faisais la fête, voyageais. Certes, la première fois que mes cheveux et mes sourcils sont tombés, c’était dur mais pas insurmontable non plus. Défiant tous les conseils qu’on m’avait dit, j’ai décidé de mordre la vie à pleine dent sans me ménager.

Dès que ma chimio s’est terminée, en juin 2017, je suis allée en Ardèche, à Lyon, Vienne, au Portugal en plein mois d’août. C’était génial. J’ai aussi dû me confronter au « retour à la vie normale », revenir à l’université n’était pas facile mais la meilleure façon pour moi de m’y remettre au plus vite a été de travailler en même temps que mes études. Mes cheveux avaient commencé à repousser alors on ne pouvait rien suspecter.

Puis, 8 mois après ma dernière injection de chimio, j’ai eu ma seconde récidive. Cette fois-ci près de 1,5kg de tumeur… Pour la première fois, j’ai réellement sentie cette masse et l’ai assimilée à un bébé. L’opération a été l’une des plus difficiles pour moi. Je ne m’imaginais pas une seconde devoir subir cela une nouvelle fois.

Ma première réaction était de tout abandonner, de tout vouloir lâcher, ne plus me battre. Puis, petit à petit, je l’ai accepté. J’ai un peu subi toutes les étapes du deuil : Le choc, la culpabilité, la colère, marchander avec les médecins, la douleur, la reconstruction puis l’acceptation.

J’ai décidé de vivre cette seconde chimiothérapie autrement. Changer de perruque, changer mon regard sur la chose et vivre à l’instant, au moment donné. Je n’ai, à nouveau, plus aucune notion du temps, ni de comment vais-je rebondir une fois toute cette épreuve terminée.

Mais, pour l’instant, la seule projection que j’arrive à faire est entre mes chimios. J’organise des fêtes, des voyages, des instants précieux avec mes amis ou ma famille. Lorsque mes cheveux sont retombés à nouveau, j’ai décidé de rassembler mes copains, fêter ça avec un petit verre, partager ça en direct sur Facebook. Leur soutien est pour moi unique au monde. Je réalise la chance que j’ai d’être si bien entourée, que ce soit d’un point de vue familial, amical ou même dans le monde de l’hôpital.

J’ai récemment appris qu’il serait prudent de m’enlever mon système reproductif, mon ovaire restant ainsi que mon utérus. La nouvelle n’a pas été facile à digérer mais je réalise qu’une femme peut être épanouie sans vivre à travers ses enfants, la maternité. J’en suis persuadée. Et puis, je verrai bien avec le temps !

Le seul hic pour moi dans l’histoire, c’est qu’une fois qu’on a connu une récidive et qu’on sait qu’on a cette épée de Damoclès qui peut retomber à tout instant : comment continuer à vivre la vie normalement ? Comment garder les pieds sur Terre et ne pas se laisser submerger par des folies qui peuvent parfois mettre notre vie en danger ? C’est là toute la question que je me pose. Enfin bon, j’ai ma dernière chimio le 3 août 2018, une opération dans les semaines à venir et normalement en septembre, tout cela devrait être derrière moi et je pourrai goûter à nouveau à ce délice de revoir mes cheveux pousser ainsi que mon énergie flamboyante.