Au début du mois de mars 2018, je sens une boule au niveau de l’aisselle, je file chez le médecin, naïve, je pensais qu’il s’agissait d’une petite infection. Le fait qu’il me palpe et trouve une autre grosseur sur mon sein gauche m’inquiète à peine, lui par contre, n’a pas l’air rassuré.

Ma grand-mère maternelle est morte d’un cancer du sein à 54 ans. Au fond de moi, je me doutais qu’un jour le crabe ferait parti de moi. J’imaginais être malade vers 60 ans, après avoir déjà bien vécu, mais pas à 28 ans.

Comme pour nous toutes, s’en suit une série de rendez-vous, après l’attente interminable des résultats de biopsie, des dizaines de coups de fil, la nouvelle tombe et je suis soulagée de savoir.

Mon gynécologue me parle d’abord d’une opération, puis de chimiothérapie. Finalement, le protocole sera inversé pour qu’il y ait plus de chance quant à la conservation de mon sein et que l’opération soit moins lourde. J’ai dix jours pour me préparer mentalement avant de commencer la chimio. Dix jours pour faire le deuil de mes cheveux longs.

Le début de ma transformation physique commence lorsque je découvre à quel point la chambre implantable sous ma peau se voit, j’ai l’impression de ressembler à une mutante.

J’ai un cancer triple négatif et actuellement, j’en suis à ma deuxième chimio sur 12 programmées et j’ai l’impression que le bout du tunnel est encore loin. Après l’opération qui aura lieu une fois les chimios terminées, je dois faire de la radiothérapie sauf… Contrindication au niveau des résultats du test génétique (que j’attends presque avec impatience).

Ce qui m’aide à tenir et à garder un moral de warrior c’est l’écriture, dès l’annonce de la maladie, j’ouvre un blog pour tenir une sorte de journal de bord et je publie des articles quasiment quotidiennement, cela me soulage d’un énorme poids.

J’écris pour me souvenir, pour partager mon expérience, pour que ma fille de 3 ans et demi puisse le lire un jour, pour mettre en lumière les effets qu’a cette maladie sur le corps et l’esprit, pour que les femmes qui subissent la même chose que moi se sentent moins seules dans leur combat.

Je tourne en ridicule le cancer à coup d’humour, œil pour œil, dent pour dent, si il croit qu’il peut me gâcher la vie ainsi, il se goure sur toute la ligne !

Ce blog me permet de dédramatiser et de mieux vivre ce squattage intempestif par un crabe qui diminue tout de même à vu d’œil.

Dans la foulée, j’ouvre également un compte Instagram, ce qui me permet d’apprivoiser ce nouveau moi, j’ai l’impression de me mettre un peu en scène pour prendre du recul et cela me permet de mieux encaisser les bobos dus aux chimios et à l’armée de médicaments qui les accompagnent.

Dans le même but que pour mon blog, si ce témoignage peut permettre à d’autres femmes de se sentir soutenues et accompagnées dans leur quotidien, j’en serais très heureuse.

Force et courage à toutes mes sœurs de kombat.

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