Il y a 10 mois exactement, on m’annonçait que le squatteur était de retour, que j’allais de nouveau devoir revêtir ma tenue de guerrière pour une croisade qui n’a rien d’extraordinaire. Je connaissais l’ennemi pour l’avoir déjà mis à terre il y 7 ans de cela.   Le parcours, je pouvais le faire les yeux fermés. Il était ancré en moi comme un cauchemar dont on ne peut se défaire. Les épreuves, je les maîtrisais sur le bout des doigts. Je dirais même jusqu’au bout des seins tellement je le connaissais bien. Les douleurs, je les sentais encore. Les vieilles cicatrices de guerre me les rappelaient chaque jour. Les frayeurs, je m’en souvenais comme si c’était hier. J’avais appris à vivre avec et aussi malgré elles. La fatigue, je ne l’aimais pas. Mais comme tout le reste, je faisais avec, en lui rigolant au nez quand je pouvais lui prouver que je n’étais pas encore cramée.  
Il y a 10 mois, je n’y croyais pas quand on m’a annoncé que j’allais tout devoir recommencer. Mais j’étais confiante et courageuse. Après tout, si j’avais réussi une fois, pourquoi pas deux puisque c’était ainsi.
Mais cette nouvelle croisade me réservait bien des surprises avec un parcours modifié, des douleurs différentes, de nouvelles épreuves, et aussi des démons qui sortent de nulle part. Aujourd’hui, un petit nouveau s’est incrusté sans prévenir de son arrivée. Il a voulu me prendre par surprise, probablement parce que quelqu’un l’a informé que j’étais une dure à cuire, difficile à déstabiliser.   Je vous présente Monsieur K-Burn-Out. C’est une espèce de gros bonhomme qui vous explique que vous êtes nulle, que vous êtes faible et que c’est à terre que vous allez terminer, noyée dans vos propres larmes. Il est gros et vicieux, je dirais même un peu « dégueu ». Il se croit tout permis pour réussir à vous dévorer, vous K-Burn-Outer. Malgré son apparence, j’ai mis du temps à sentir sa présence.  
Depuis plusieurs jour, je me bats contre moi-même en m’entendant dire que j’ai trop mal pour me lever, que je suis trop grosse pour bouger, trop laide pour aimer, trop malade pour travailler, trop nulle pour mériter autre chose que ce qui est en train de m’arriver.
J’étais en train de m’enfoncer dans cette vague de larmes et Monsieur K-Burn-Out devait bien se marrer face à cette petite guerrière toute mouillée. Mais il ne savait pas à qui il avait à faire ce gros gras. Je ne suis pas une guerrière qui a froid au derrière, j’ai un truc à moi, bien à moi : je ne lâche rien, jamais rien !   Pour me sortir de cette vague d’eau grossissante qui était en train de m’engloutir, je n’avais qu’une seule option : me libérer de certains poids, me sentir suffisamment légère pour me mettre à flotter, me laisser porter et nager pour continuer mon chemin. Les larmes, je n’y peux rien pour l’instant. La vague, je ne la maîtrise pas complètement. Plus j’essaie de la retenir, plus elle se met à grossir. Par contre, je peux décider qu’elle me noie ou alors qu’elle me porte. J’ai pris l’option 2 qui me semblait plus sympa, allez savoir pourquoi. C’est probablement, parce que je ne lâche rien.   Je suis une bonne nageuse, mes petits flotteurs ne sont pas encore parfaits, mais ils sont là, avec moi. Il me suffit donc d’alléger mon sac à dos de quelques bidules inutiles à ma croisade pour remonter à la surface et surfer en maillot rouge sexy à souhait.  
C’est parti pour le lâcher de poids : Bye bye le souci de performance, bye bye le besoin des engagements flippants, bye bye les amis qui ne donnent pas signe de vie, bye bye les petits conflits qui abîment la vie.
Croyez-moi ou pas, c’est incroyable, j’ai pris 4 décisions, je me suis libérée de 4 petits trucs et me voilà en train de nager sur le dos, mes deux flotteurs en l’air tous fiers. Monsieur K-Burn-Out peut retourner se cacher, mon heure n’est pas arrivée. Mais je vais quand même m’en méfier car mon sac est encore un peu trop chargé.