Le 19 janvier 1996, après des douleurs au sein gauche, on m’a diagnostiqué un cancer du sein fulgurant et inflammatoire.

Je me suis fait soigner dans un centre spécialisé dans tous les cancers.

De fin janvier à fin juillet j’ai eu une chimiothérapie de 4 jours d’affilée à 3 semaines d’intervalle. Une fois j’ai failli ne pas avoir la chimiothérapie car les globules blancs étaient descendus bas. Je vomissais la 1ère nuit de chaque 1er jour de chimio. 10 jours après chaque chimiothérapie j’avais la chute des globules blancs et, là, je ne devais ni sortir ni recevoir de personne car je pouvais attraper le moindre petit microbe. Toutes mes muqueuses du corps se desséchaient et j’avais beaucoup d’aphtes dans la bouche. Au bout de la 2ème chimiothérapie les cheveux ont commencé à tomber. A la 8ème, je n’avais plus de sourcil (c’était le pire). Pendant ces 6 mois j’ai continué la natation.

Le 13 août 1996 le professeur m’a opérée du sein (ablation totale). 3 semaines après j’ai commencé la radiothérapie (27 séances normalement). Du lundi au vendredi j’allais au centre prendre les rayons. La préparation était plus longue que la séance de rayons. Ce qui me fatiguait beaucoup c’était le chemin car il y avait 55 km un aller. Pour éviter les brûlures sur la peau, je mettais de la crème et grâce à cette pommade, je n’ai pas été brûlée. Par contre, l’ossature des côtes s’est légèrement affinée et lorsque j’ai froid ça me faisait comme des coups de couteau dans les côtes, même 20 ans après.

Je n’ai pas travaillé pendant 4 ans suite à ce cancer. Ensuite j’ai eu un poste de secrétaire administrative mais à temps partiel. Travailler à temps plein est devenu fatiguant. Puis 10 ans après, je suis retournée à l’école pour faire une formation d’Aide Médico Psychologique et suite à mon diplôme, j’ai travaillé dans un IME, dans des EHPAD et maintenant à domicile.

Suite à mon cancer je voulais travailler plus proche des personnes afin de les aider dans tous les domaines de la vie quotidienne et j’y ai réussi. Il ne faut pas baisser les bras lors de cette maladie sinon on ne s’en sort pas. J’oublie certainement beaucoup de détails mais je pourrai écrire un livre (d’ailleurs j’avais commencé suite à l’acceptation de mon cancérologue).

Lorsque je passais quelques jours au centre,  j’allais rendre visite aux malades, dans leur chambre ; j’essayais de leur ramener un rayon de soleil. Mon cancérologue voulait « m’embaucher » pour discuter avec les malades car cela leur faisait du bien.

Quand j’ai appris que j’étais atteinte d’un cancer, le week-end j’ai invité mes meilleur(e)s ami(e)s pour une promenade et un café, gâteau. Certain(e)s ont pleuré. Mes enfants avaient, à l’époque, 15 et 6 ans. Bien plus tard, ma fille (l’aînée) m’a confié qu’elle pleurait tous les soirs dans son lit. Mon fils a redoublé son CP car je ne pouvais pas m’occuper beaucoup de lui. Mon mari faisait tout ce qu’il pouvait (repas, ménage, courses) et venait toujours avec moi au centre.

Les médecins disaient qu’ils voyaient que mon mari m’adorait. Car, je peux le dire, beaucoup d’hommes quittent leur femme lorsque, celle-ci a un cancer soit du sein soit du bas ventre. Le pourcentage est même épouvantable (+ de 50 %). J’ai effectivement connu une dame, âgée de 60 ans, avec un cancer du sein, que le mari a quittée car il a dit « que vais-je faire avec une femme qui n’a plus qu’un sein ? ». J’ai trouvé cela odieux.

Aujourd’hui, 20 ans après, je n’ai toujours pas fait le reconstruction mammaire. Je suis parfois tentée mais les opérations me font peur. Maintenant je vis bien. Les souvenirs sont toujours là. Tous les ans, je passe des contrôles médicaux, et, à chaque fois que je dois les faire, j’ai à nouveau peur ; une fois qu’ils sont faits et qu’ils sont bons je souffle à nouveau. Il faut rester battant(e) pendant le traitement de ce foutu cancer !!!