Tout a vraiment commencé pour moi le dernier trimestre 2015 par une toux arrivée soudainement ressemblant plus à un malaise cardiaque, un essoufflement inhabituel qui survient sur le trajet à pied entre mon domicile et la banque où je suis femme de ménage 2h chaque soir.

Je rentre chez moi tant bien que mal, j’appelle mon docteur qui pense à une bronchite, rien au cœur. Il me prescrit des médocs, sirop, pulvérisation nasale, etc… puis une radio pulmonaire à faire le lendemain. Et là on me dit qu’il y a une grosse tâche noire au poumon gauche, donc on me donne un rdv pour un scanner les jours qui suivent puis une mammographie car mon sein gauche s’est beaucoup modifié depuis quelques mois.

Lors du scanner le radiologue est formel c’est une tumeur pulmonaire de 6 cms et je lui parle de mon sein et du rdv qui n’est que pour décembre.

La radiologue me dit « je vais revoir vos clichés du poumon vu que l’on voit le sein dessus », puis elle revient en me disant qu’hélas, il y a avait sans presque aucun doute, une tumeur sur le sein aussi.

Alors là je m’effondre dans les bras d’une amie venue m’accompagner et appelle mon compagnon qui était en déplacement professionnel à 600 km de là. Il sauve la face au téléphone mais je le sens lui aussi dépité ; puis vient le tour d’annoncer ça à mes enfants. Ma fille de 20 ans d’abord et ensuite, avec elle, mon fils de 13 ans qui lui, est dans le déni et ce, jusqu’en août 2016.

Tout le reste de l’année, comme tous malades, rendez-vous avec mon oncologue qui me prescrit et organise toute une batterie d’examens : pose du porte à cat’, rdv pour une biopsie pulmonaire, puis une biopsie mammaire. Ensuite résultat des examens et là, cancer métastatique avec des métastases poumons (dont une de 6 cm à gauche), sein droit, utérus, rein, plèvre. Donc début janvier : une chimio, deux chimios qui ont peu diminué celle du sein mais fait disparaître les petites métastases. Il reste une au sein de 5 cm et une au poumon de 6 cm.

Nous sommes en mai, impossible d’opérer. On doit réduire ces deux tumeurs avant d’ouvrir, trop risqué. Et là, on enchaîne avec deux chimios, une en comprimés et une en perfusion, puis on jumelle ceci à 25 séances de radiothérapie.

Nous sommes fin juillet, on m’annonce qu’enfin on peut retirer mon sein gauche entièrement.

Le 31 aout après la mastectomie, plus de trace de cancer dans la masse retirée mais la tumeur du poumon est toujours là.

En janvier 2017, on refait une biopsie pulmonaire et le verdict tombe, ça n’était pas une métastase du sein mais un second cancer rare, tumeur neuroendocrinienne du poumon gauche.

En août 2017, on m’a retiré 2/3 du poumon gauche, là encore, plus rien au niveau pulmonaire. Mais les examens que je refais en septembre 2017 montrent un micro kyste du foie droit et je ne peux m’empêcher de me dire que sans ces perfusions d’anticorps que l’on me fait toutes les trois semaines à vie désormais, je ne serais sans doute plus là.

Mon oncologue qui est, soit dit en passant, très honnête. Ce que j’apprécie chez lui est qu’il n’a pas essayé de me contredire quand je lui ai dis cela. Bien sûr il m’a dit c’est un kyste pas de lien avec une métastase, mais je ne lui ai pas dit.

Je suis deux mois sans anticorps et il apparaît ce kyste et il m’a dit que tant que les anticorps sont efficaces tout va pour le mieux.

Alors je me suis fait une raison que je ne serai jamais guérie juste en rémission puisque j’aurai à suivre ce traitement à vie ou jusqu’au jour où la science qui avance trouve quelque chose qui empêche les métastases de se développer. Alors je me suis faites une raison et j’essaie de profiter des bons moments. Le plus difficile est de se reconnaître physiquement, déjà avec ce qu’on nous retire, puis tous les kilos qu’on prend, sans compter tout ce qu’on ne peut plus faire.

En ce qui me concerne vu que j’ai un lupus en plus des deux cancers entre les effets de l’immunothérapie et des anticorps et les douleurs liées à ma maladie enfin une dernière chose que je n’arrive pas à supporter d’entendre des gens qui n’ont jamais eu de cancers venir te parler du cancer des autres ou bien comparer mon cancer avec des gens disparus il y a 20 ans du cancer.

Mais mis à part ça je garde le moral et puis je souhaite dire à toutes les personnes qui liront ce témoignage et qui en sont au début qu’il faut se battre s’accrocher à quelque chose ou quelqu’un et ne pas oublier que personne ne peut savoir pour combien de temps on sera encore là courage à toutes et tous et joyeuses fêtes de fin d’année.