Avant j’étais heureuse. Aujourd’hui je le suis encore plus… D’être en vie, de pouvoir en profiter. Si je regarde en arrière, j’ai mis ma vie entre parenthèse une année, ou plutôt, le cancer m’a pris un épisode de ma vie mais je reste maître et je continue d’écrire et de noircir les pages blanches de mon futur.

Cela fait 10 mois que j’ai terminé tous les soins, chimiothérapie, chirurgie (mastectomie et curage axillaire) radiothérapie. Aujourd’hui, il me reste l’hormonothérapie qui me renvoie tous les jours, et ce pendant cinq, voire dix ans, que ce cancer reste tapi au fond de moi !!!

Mais j’ai décidé de vivre sans penser à cette épée de Damoclès au dessus de ma tête. C’est un soulagement quand tout s’arrête, fini de courir les hôpitaux, les médecins, les rdv…. J’avais juste envie que l’on me foute la paix. De profiter de mes journées comme j’en avais envie, me remettre sur pieds, de pouvoir me regarder sans voir ce regard de cancéreuse.

Certains me comprendront, affronter son propre regard est déjà une épreuve mais le voir dans le regard des autres en est encore une autre…

Affronter la perte de ses cheveux, de ses cils et sourcils pfffff, ajouté à tous les effets secondaires des traitements, je ne vous en donne pas la liste, vous la connaissez aussi bien que moi.

Aujourd’hui je vis plus lentement, terminée cette vie à 100 Km/h, et que c’est bon de prendre le temps de vivre. Oui, il y a parfois des périodes de doute, de déprime, parfois les larmes coulent, je les laisse sortir et m’autorise le droit de ne pas être tout le temps forte.

J’ai besoin de me laisser tomber pour pouvoir me relever et me redresser plus haut. Je suis suivie tous les 6 mois. Au mois d’octobre, lorsque j’ai revue ma radiothérapeute et qu’elle m’a demandé comment j’allais, je lui ai répondu bien si l’on ne pense pas à tous les p’tits tracas qui se sont greffés.

Les troubles de la mémoire, la fatigue physique, musculaire, les douleurs articulaires, la constipation, les bouffées de chaleurs qui pourrissent la vie, sans parler des douleurs dans mon bras, la perte de mes forces. Tous ces problèmes dus aux traitements, si je les oublie, tout va pour le mieux.

Puisque je suis guérie et en rémission, j’apprends à vivre différemment, mon quotidien est devenu plus léger, je prends la vie du bon coté puisque j’ai la chance de la vivre…

Il est important d’être entouré de bons professionnels, de personnes en qui l’on a confiance pour pouvoir poser les mots, les maux, qui font mal. Être écouté est une partie de la guérison…

Merci aux personnes qui prendront un peu de leur temps pour me lire, l’écriture est aussi pour moi une source de libération. Beaucoup de courage à tous.