Cela fait déjà trois semaines que je suis sortie de la clinique. Après du repos complet, j’ai pris mes clics, mes clacs, ma famille et mon sac pour nous octroyer quelques jours remplis d’amour.

Mais je n’avais pas prévu que ma fidèle colocataire, Mademoiselle Fatigue, se glisserait dans mes valises pour me faire une surprise. Je me sentais si bien ces derniers jours, que jamais je ne l’aurais imaginée me jouer ce vilain tour.

J’ai accepté toutes ses règles du jeu pour lui laisser un espace généreux.

J’ai respecté chaque article de notre contrat pour éviter trop de dégâts.

Je pensais qu’avec tous mes efforts, elle serait apaisée et me laisserait la liberté de profiter, au moins le temps d’une petite virée.

Ma colocataire s’est bien marrée quand elle a pointé le bout de son nez sur l’île de Ré.

« Parce que tu pensais partir sans moi ? Mais qu’est-ce que tu imaginais ? Où tu iras, j’irai. »

Je dois faire face à cette dure réalité, je ne suis toujours pas sur pied. Mademoiselle fatigue ne cesse de me le rappeler.

Si seulement elle était la seule à s’être incrustée pour ma jolie destinée, je crois que je l’aurais encore une fois supportée. Mais mes voisines les douleurs ont, elles aussi, décidé de nous accompagner. Et quand elle sont ensemble, c’est la cata assurée.

Me voilà au milieu de cette bande de nanas en train de réguler leurs petits caprices et tracas.

Mesdames les douleurs empêchent Mademoiselle fatigue de se reposer. Elle sont bien trop nombreuses et bruyantes pour cette petite princesse qui rêve de bronzette en topless.

Elle voudrait flâner avec moi toute la journée, mais les autres bécasses nous agitent en poussant de cris de folie jusque loin dans la nuit.

Je sais bien que je ne peux empêcher leur présence et leurs nuisances, que je dois les gérer à défaut de pouvoir les virer. Mais je leur en veux terriblement…

A cause d’elles, je refuse les câlins qui me font tant de bien.

A cause d’elles, je limite le plaisir que mes enfants ont à découvrir.

A cause d’elles, je me cantonne à de petites randonnées pour éviter d’être un boulet.

A cause d’elles, je dors le jour, je râle la nuit.

A cause d’elles, je m’efforce de sourire sans vraiment rire.

A cause d’elles, je m’isole pour ne pas devenir folle.

A cause d’elles, j’ai envie de rentrer.

Même si j’essaie d’en profiter, de figer par mes clichés quelques petits instants bien plaisants, je leur en veux terriblement.