Je m’appelle Véronique, j’ai 52 ans, (51 au moment de mon diagnostic). Je n’avais jamais fait de mammographie. J’avais peur du résultat, mais un de mes amis me dit tu sais la peur n’évite pas le danger.

J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai pris rendez-vous, qui a été fixé en janvier 2021, ma mère me dit je t’accompagne, je lui dis non j’y vais en bus, je ne veux pas que tu attendes dans la voiture, parce qu’ils ne veulent pas d’accompagnant.

Dans la salle d’attente, je lis une affiche qui explique comment se passe une mammographie et que si la technicienne vous dit de ne pas vous rhabiller pour faire un échographie, c’est qu’il y a une anomalie. Je me dis bon on verra bien…..

Mon tour arrive, je fais la mammo, la technicienne me dit vous en avez déjà fait ? Non, du coup elle m’a bien expliqué, très gentille, très douce, juste les mains très froides (mdr), puis je vais pour me rhabiller et je vois sur un écran des clichés de deux seins, dont un normal et l’autre avec une tâche bizarre, la dame me dit ne vous rhabillez pas, et c’est là que je comprends qu’en fait ce sont des clichés de MES seins que je viens de voir…

Donc je passe dans la pièce à côté, la personne qui me fait l’écho me dit, c’est bien une tumeur, l’apparence ne me plaît pas, il faudra sûrement l’enlever… Donc je me rhabille enfin, je sors un peu assommée quand-même, une secrétaire me donne un rendez-vous pour une biopsie (elle me voit un peu perdue et me dit, ça va aller ? ) Je lui réponds je vais faire en sorte que ça aille, mais à ce moment-là je ne pense plus à ma mère, qu’à moi, parce que ma grand-mère (sa mère) est morte d’un cancer du sein et elle s’en est occupée jusqu’à la fin, certes il y a une quarantaine d’années mais quand-même…

Je sors du labo et qui je vois : ma mère dans sa voiture, alors que je devais rentrer en bus, je me dis m…e pas le temps de préparer ce que je vais lui dire. Je monte dans la voiture et elle me dit, qu’est ce qui se passe ? Donc là obligé de dire que je dois revenir pour une biopsie la semaine prochaine, sur le coup elle m’engueule parce qu’elle est persuadée que j’avais sentie une grosseur, je lui dis que non, elle m’a crue…

Le jour de la biopsie arrive, j’y vais la boule au ventre, la personne qui va faire la biopsie, m’explique bien me montre tout ce qu’elle va faire, et là ce que je ne comprends pas, c’est que l’anesthésie bien autour de la tumeur mais pas à l’endroit où elle fait l’incision pour rentrer l’aiguille, donc elle me le fait à vif, je ne vous raconte pas le bond que je fais sur la table….. Elle fait quatre beaux prélèvements me dit-elle, très contente !

Pendant que je me rhabille, elle va voir la secrétaire pour lui dire de me donner rendez-vous avec elle dans 10 jours, dans un laboratoire dans la ville où j’habite pour m’éviter d’avoir à faire une demi-heure de route. Je suis contente, parce que je pourrais y aller à pied.

Bien sûr je repars avec le nom d’une chirurgienne gynécologue pour l’opération, avec la recommandation d’attendre d’avoir les résultats de la biopsie pour appeler. Dix jours passent, je reçois un appel du laboratoire où la doctoresse devait me recevoir pour me donner les résultats pour me dire que cette dernière est malade (covid) que les résultats ont été envoyés à mon médecin traitant, qu’il doit m’appeler pour me le dire, donc j’appelle pour le signaler à la secrétaire, mon médecin traitant me reçoit et me dit que ma tumeur est cancéreuse, de grade 2, que très certainement je n’aurais ”que ” de la radiothérapie.

Il n’est pas trop à l’aise parce qu’on est vendredi et que je vais passer le week-end avec cette mauvaise nouvelle, il me fait promettre de ne pas aller sur internet avec mes résultats pour trouver des explications, je le lui promets, je l’ai fait et je le recommande à tout le monde.

J’ai rdv assez rapidement avec la gynécologue qui va m’opérer, elle est jeune, très sympathique, elle me confirme qu’au vue de la biopsie je n’aurais que la radiothérapie et elle me donne toutes les explications nécessaires, elle me confie à sa secrétaire, qui me dit qu’elle va prendre rdv pour moi pour un scanner, une scintigraphie, pour que je rencontre l’anesthésiste etc….. et effectivement trois heures après je reçois un mail avec tout les rdv, les documents et les ordonnances.

Je la revois après les différents examens, elle me dit que je n’ai pas de cellules cancéreuses ailleurs, que scanner et scintigraphie l’ont confirmé et que c’est bon signe.

Le jour de l’opération arrive, je pars seule, avec un taxi, d’abord à l’hôpital pour ce qui devait être des radios de repérage des ganglions sentinelles mais qui se transforme en un scanner parce qu’ils ont eu du mal à les trouver…. Je me rends enfin à la polyclinique où je dois être opéré, (je suis seule puisque les accompagnants ne sont acceptés que pour les mineurs ou les personnes handicapées).

Là, nouvelle attente pour faire une échographie de repérage de la tumeur, c’est-à-dire qu’un docteur vous fait une anesthésie locale pour vous mettre dans le sein un repère (un fin fil de fer souple) pour faciliter le travail de chirurgie, il doit s’y reprendre à trois fois pour enfin hameçonner la tumeur, par précaution il me fait faire une petite mammo de vérification.

J’arrive dans le service ambulatoire, mon numéro d’appel s’affiche enfin, une secrétaire me reçoit me fait remplir un dossier, me demande mon test pcr négatif puis une infirmière me donne une superbe tenue pour que je puisse me changer, puis de nouveau attendre et enfin, l’on m’appelle….

La gynécologue vient me voir avant l’opération, et là je m’effondre, j’éclate en sanglots, je n’en peux plus, je suis debout depuis 7h00 ce matin, (il est environ 16h00) je n’ai rien mangé depuis la veille au soir, l’hôpital, le scanner, l’échographie, je suis épuisée, j’ai une migraine terrible et là vraiment une équipe médicale géniale qui se met à dire des bêtises pour me détendre, je ris et je pleure en même temps, l’anesthésiste me pose le cathéter, m’injecte le produit, je me réveille dans un lit confortable, bien au chaud, mon mal de tête s’est envolé, on me déplace dans une chambre, j’ai droit à un goûter….

Dix jours passent, je revois la chirurgienne et le verdict tombe, la tumeur cancéreuse est de grade 3 et nécessite de la chimiothérapie, 15 séances, les 3 premières toutes les trois semaines et les 12 suivantes sur douze semaines puis de la radiothérapie. Un nouveau passage à la polyclinique pour la pose de la chambre implantable.

Rendez-vous avec l’oncologue, 1ère chimio le 29 mars 2021, dernière chimio le 16 août 2021, je perds mes cheveux dans la 3ème semaine qui suit ma 1ère chimio, les chimios m’épuisent, je dors beaucoup, je mange peu. Mon oncle m’appelle pour me dire que ma grand-mère (98ans) vient de mourir, quand il entend ma voix il me dit je ne veux pas que tu fasses les 650 km qui nous séparent pour assister à l’enterrement, il comprend que je suis épuisée.

Je rencontre la radiothérapeute, en août, après la dernière chimio, je passe un nouveau scanner de repérage pour bien cibler la radiothérapie. Début des 33 séances de radiothérapie le 9 septembre fin le 29 octobre. Je suis à vif sous le sein dû à la radiothérapie. Je ne supporte plus le soutien-gorge, j’explique à une radiothérapeute que je voudrais des pansements pour éviter le frottement et la macération sous le sein ce qui soulagerait la douleur, elle me répond que c’est une bonne idée et m’en prescrit, quel soulagement !!!!!

Début de l’hormonothérapie le 13 novembre 2021, début aussi d’une sorte de descente aux enfers avec le traitement, problèmes de bouffées de chaleur, de douleurs articulaires, de concentration, j’oublie des choses, des idées noires, envie de rien, je ne me reconnais plus….. Puis je me décide à aller chez un thérapeute de médecine chinoise, avec trois séances d’acupuncture, il m’a remise sur pied en m’aidant à supporter les effets secondaires, je me sens revivre, l’envie de faire des choses, les bouffées de chaleur ont disparu, les douleurs ne sont plus qu’anecdotiques, les pertes de mémoire sont encore un peu présentes mais rien d’alarmant.

Quelques fois, me vienne en tête des idées qui peut-être vous sembleront bizarres mais je me dis que dans mon malheur j’ai eu de la chance parce que même si j’ai été très très fatiguée, je m’en suis bien sortie, sans trop de difficultés. Je culpabiliserais presque que ça était aussi ”simple”. Avez-vous ce genre de pensées ?