On le sait : le sport est aujourd’hui considéré comme un véritable « médicament ». Et c’est scientifiquement prouvé.

Explications avec les experts de la CAMI Sport & Cancer, une association créée en 2000 par le Dr Thierry Bouillet, oncologue, et Jean-Marc Descotes, ancien sportif de haut-niveau. Tous deux convaincus des bienfaits de la thérapie sportive tout au long du parcours, ils vous invitent à chausser vos baskets.

La CAMI Sport & Cancer, c’est quoi ?

La CAMI est née de la volonté d’accompagner les patients touchés par un cancer, quel que soit leur âge, leur sexe, leur condition sociale, la localisation de leur cancer ou le moment dans leur parcours de soins, à travers des programmes de thérapie sportive, en complément de leurs traitements traditionnels. L’objectif est de réduire les effets indésirables de leurs traitements, d’améliorer leur qualité de vie et d’augmenter leurs chances de rémission.

Où peut-on la trouver ?

Présente dans une trentaine de départements, afin de pouvoir accompagner chaque patient tout au long de son parcours de soins et de vie, l’association intervient dans les Pôles Sport & Cancer d’hôpitaux partenaires, dans les services d’oncologie, d’hématologie, d’adolescents jeunes adultes et d’hémato-onco-pédiatrie, -même dans les chambres-, en ville, grâce à des séances ambulatoires, et à distance, à travers le dispositif VisioCAMI.
Alors que l’on a plutôt tendance à penser qu’il faut se reposer quand on est malade, pourquoi pratiquer une activité physique adaptée ?

La fatigue est l’un des principaux symptômes identifiés par les patients. Entre 80 et 100% des patients traités par chimiothérapie déclarent en souffrir. Elle peut persister pendant des mois voire des années après la fin des traitements. Or, le seul traitement validé de la fatigue en oncologie est l’activité physique. Donc, même si cela peut sembler contre-intuitif pour certains patients, il est important de rester en mouvement, quand cela est possible.

Peut-on pratiquer n’importe quel sport ?

Peu d’activités sont aujourd’hui contre-indiquées. Il faut néanmoins s’assurer de ne pas présenter de contre-indication médicale et être encadré par des professionnels spécifiquement formés afin de sécuriser la pratique. A la CAMI, les exercices proposés ont été spécialement conçus pour les patients. L’accent est mis sur le placement juste du corps, la précision dans la réalisation des mouvements et la capacité à ressentir et mobiliser le squelette et les muscles de la manière dont nous le souhaitons. Le but étant de conserver ou de reconstruire l’équilibre du système musculosquelettique pour réduire les douleurs, diminuer la fatigue et rendre à nouveau le corps agile et tonique.

Pourquoi est-il préférable d’être encadré, au moins au début ?

C’est vraiment nécessaire pour garantir la sécurité des patients et leur fournir des exercices adaptés à leurs besoins, capacités et envies. C’est pourquoi, la formation est un des piliers de la CAMI : les Praticiens en Thérapie Sportive ont une expertise des aspects médicaux, physiques et psychologiques du cancer, afin de proposer des programmes personnalisés et adaptés aux patients, tenant compte du traitement, de ses effets secondaires, des altérations physiques… C’est une condition indispensable pour proposer une prise en charge sûre et efficace des patients.

Avant de démarrer un programme, le praticien réalise systématiquement un bilan de santé et des tests physiques avec le patient.

Quels sont les principaux effets bénéfiques de l’APA ?

De nombreuses études scientifiques et rapports (dont celui de l’Institut National du Cancer) démontrent que l’activité physique en cancérologie apporte des bénéfices tant corporels que psychologiques. Elle agit notamment sur :

  • les capacités physiques, en réduisant par exemple la prise de masse grasse, la perte de masse musculaire, le déconditionnement physique… ;
  • certains effets secondaires des traitements, en diminuant la fatigue, les douleurs ou encore les adhérences cicatricielles ;
  • la qualité de vie, en améliorant le bien-être, en diminuant l’anxiété… ;
  • le corps, en permettant sa réappropriation ;
  • l’isolement, en facilitant le lien social.
  • De plus, l’activité physique est associée à une réduction du risque de récidive et de mortalité des principaux cancers.

Si l’on habite loin d’une structure de la CAMI, que peut-on faire, a minima, chez soi ?

L’idéal est d’être actif tous les jours : déplacements à pied à une allure modérée (par exemple, faire 30 minutes de marche, entre 5 à 7km/h, 5 jours dans la semaine), montée d’escaliers… Comme on le dit, « il vaut mieux faire un peu,

plutôt que rien du tout » !

On entend parler de sport sur ordonnance : l’APA est-elle remboursée sur prescription médicale ?

Depuis la loi « Sport sur Ordonnance » de mars 2017, les médecins peuvent prescrire de l’activité physique et sportive aux patients souffrant d’une affection de longue durée (ALD), dont le cancer. Mais pour l’instant, ce n’est pas remboursé par la Sécurité sociale. Néanmoins, certaines villes, collectivités territoriales, ou mutuelles proposent des aides financières variables pour des séances d’activité physique. Trouvant cela insuffisant, la CAMI mène des actions de plaidoyer et deux projets sur cette question : une expérimentation « Article 51 » pour évaluer l’opportunité d’un remboursement des programmes CAMI ainsi qu’un Programme de Recherche Médico-Economique. L’objectif étant d’aller au bout de cette loi et de permettre une prise en charge complète de l’activité physique dans le cadre d’une ALD pour les patients.


Un dernier conseil pour nous inciter à enfiler nos baskets ?

Amusez-vous ! Ne faites pas de l’exercice une contrainte supplémentaire. L’objectif est d’améliorer votre condition physique et de prendre soin de votre santé, pas de devenir un athlète olympique. Donnez-vous la chance d’apprécier le plaisir de bouger : pensez à ce qui va rendre l’entraînement agréable (de la musique, par exemple). Avant tout, faites une activité que vous aimez !

Pour trouver une séance près de chez vous : https://sportetcancer.com/nos-seances#la-carte
Pour avoir un aperçu de ce qui est proposé : https://www.youtube.com/user/sportetcancer

MERCI AUX EXPERTS DE LA CAMI POUR LEUR COLLABORATION !

2 exemples d’activités physiques et sportives que vous pouvez pratiquer en autonomie, après accord de votre médecin et/ou du Praticien en Thérapie Sportive de la CAMI :

VÉLO
Le vélo peut se pratiquer en intérieur ou en extérieur. Si la balade en vélo permet également de prendre l’air et peut se pratiquer entre amis ou en famille, le vélo d’appartement permet d’aller à son rythme, doucement sans crainte du retour. On s’arrête quand on veut et on choisit le degré de difficulté (réglage de la résistance équivalente à du plat ou de la montée). Le vélo est également un très bon exercice de maintien et d’amélioration des fonctions cardio-respiratoires.


ACTIVITÉS EN PISCINE
De nombreuses activités peuvent être pratiquées en piscine. Avantage ? L’apesanteur relative générée par l’eau. On se sent plus léger et la mobilisation est plus douce et moins difficile. Il est ainsi possible de faire du renforcement musculaire (par des mouvements de bras et jambes) et des assouplissements. Une nage douce peut également être bénéfique (en développant notamment les capacités respiratoires). Pour débuter, commencez par rester où vous avez pied, le temps d’évaluer correctement vos capacités physiques.


BOITE A OUTILS

LIVRES
- L’activité physique, une alliée contre le cancer de Sébastien et Alexandra Landry. Editions In Press.
- Mon yoga, ma chaise et moi d’Ingrid Baisse et Priscilla Luthringer. Editions Grancher.
- 11 séries thématiques et 55 postures pour une pratique en douceur du yoga avec une chaise, accessible à tous. En bonus, des exercices respiratoires et une méditation auto-guidée grâce à un QR code à flasher.

APPLI
mycharlotte.fr/mon-accompagnement/ pour des séances de gym douce en vidéos !