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« Témoigner procure du sens à sa propre existence et permet à d’autres d’en tirer avantage. »
Philippe Bataille, sociologue
Un lundi de Novembre…- SAM : “Dis, si un jour je suis plus là.. J’te manquerai?- EMI : T’as pas fini de dire des conneries…- SAM : Nan, mais réponds, jt’e manquerais mon Emi?- EMI : Mais t’es sérieuse là? Évidemment que tu me manquerais. J’imagine pas ma vie sans toi. Et moi, j’te manquerais?- SAM : Oui.On s’est regardé longtemps, on s’est souri. On savait toutes les deux qu’on ne pouvait plus faire un pas sans l’autre.
Je vais vous raconter une histoire…
Il était une fois SAM.
Mardi 27mars 2012, 10H. Pont des Arts. Paris.Rose magazine m’a contactée pour faire un sujet photo pour leur deuxième numéro, j’ai accepté, pour un tas de raison. J’ai donné rendez-vous à plusieurs femmes sur le pont des arts. Un peu en retard, le téléphone collé à l’oreille, je déambulais sur le pont attendant les femmes que j’allais photographier .Parmi les gens qui se tenaient là, une femme, blonde, les yeux verts, me fixe du regard et me sourit… je comprends. C’est l’une d’entre elle. Elle s’avance vers moi.- Bonjour, Samantha, enchantée..- Emilie.. enchantée.
Les autres femmes se succèdent et nous commençons à parler chacune de nos parcours respectifs au travers de la maladie. Je prends le temps… j’écoute, et je m’apprête à figer l’instant dans l’espace d’une seconde.Ces portraits de femmes sont alors pour elle et pour moi le témoignage d’une douleur, d’une épreuve , d’un combat.Au travers de mon objectif, je touche l’intimité qu’elles ont voulue me confier. Je ressens la peine, la force, et la gravité dans chacune d’elle. Je m’souviens de leur regard. A toutes.
Je suis rentrée chez moi… j’ai pensé à ces femmes, et puis à Sam.Je m’souviens m’être dit que c’était une héroïne.Elle m’avait raconté un bout de son histoire, elle m’avait souri, elle était d’une beauté sans nom, elle avait 38ans, et avec toute la distance que j’avais pu mettre, je l’aimais déjà.
Quelques jours plus tard, j’ai reçu un mail de Sam. Elle prenait de mes nouvelles, me remerciait pour cette belle matinée passée. C’est enchainé une succession d’échange de messages .. et puis on s’est revu ce 17 avril 2012 , autour d’une pièce de théâtre écrite par Lilian. Ce jour là, j’étais tellement fière de te présenter à lui, Ce jour là, j’étais tellement curieuse de rencontrer ta moitié , ce jour là j’étais tellement heureuse de te revoir enfin.Après cette soirée là on ne sait plus quitter.
Il était une fois, Sam & Emi.
Toi et moi ça était une grande manifestation d’amour. Nos poings levés vers l’espoir, une marche vers le même combat, et nos cœurs plein d’allégresse.
Toi et moi ça était des rires à n’en plus finir, des confessions jusqu’à pas d’heure, des sourires précieux, des silences jamais gênés, ton bras au mien pour traverser, ma main sur ta joue pour caresser la douceur de ton cœur, des je t’aime avant de se quitter, des parties de Time’s up endiablées, des soirées à se marrer, des après midi à boire du thé, des midis à déjeuner, des nuits à penser à l’une et à l’autre, des coups de fils complices, des photos à remplir la capacité de nos Iphone, des vacances mémorables, des anniversaires rares, des cadeaux à foison, des minutes à s’inquiéter l’une pour l’autre, une confiance éternelle, des rochers suchards à s’en faire péter le bide, des bagues pylones pour être les plus jolies, des câlins pour soulager nos peines, des baisers pour réchauffer nos âmes.Toi et moi ça n’a pas été un jour sans nouvelles.
Toi et moi, c’est Thibault , Manon, Christophe et Lilian.Il était une fois une famille.
Certains pourront toujours dire qu’on se connaissait à peine. Toi et moi, nous… On la connait tellement la vérité.Toi et moi on s’est tellement aimé. Jamais trop, jamais assez.Et certains dans tout ça un peu paumés par cette amitié passionnée. Parce que, oui, tu n’ voulais pas justifier ce qu’on ressentait l’une pour l’autre. Je m’souviens tu disais : “Tu m’fais du bien, point”.Et oui, toi et moi ça se résumait à ça, se faire du bien.On attendait rien de l’une et de l’autre, on se savait.Sam, je t’ai aimé ce mardi sur le pont des arts.J’ai aimé ta moitié dans vos regards amoureux , dans son soutien de tous les jours, dans la force de votre histoire.J’ai aimé Thibault pour sa maturité hors norme, pour sa distance toujours élégante, pour sa tendresse infinie pour toi.J’ai aimé Manon pour sa fragilité, ses yeux qui sont les tiens, son amour incommensurable pour sa maman.J’ai aimé Lilian pour ses mots qui ont révélé la femme debout que tu étais.Combien de fois j’ai pu te dire quelle chance j’ai eu de te rencontrer?Jamais trop.Jamais assez.
Un jour ta fille nous a demandé si nous nous étions rencontrées grâce ou à cause du cancer? Nous n’avions pas su quoi répondre.A bien y réfléchir, Je n’peux toujours pas.Ce que je sais, c’est que cette maladie nous a mis sur le chemin de l’une et de l’autre . C’est comme ça on a pas pu faire autrement.Comme on a pas pu faire autrement que de s’aimer. On peut pas tout justifier.
Y a 3 mois et demi tu nous as quitté. Mon cœur est en mille morceaux depuis, et y a pas un jour sans que je pense à toi.J’ai tellement aimé respirer le même air que toi.J’entends encore l’écho des battements de nos cœurs..
Mercredi 27 mars 2013.On se donne rendez-vous sur le pont des arts, là où rien n’est jamais fini, comme on a dit.Aujourd’hui, ça fait un an qu’on s’est rencontrées.Il était une fois … Tout court.
Emi : “Bon anniversaire ma Sam. 1 an…1 an d’amitié .1 an que t’es rentrée dans ma vie, et que tu l’as bouleverséePutain, déjà 1 an… Et en même temps on a vécu 10 vies en 12mois.Sam… t’es ma meilleure amie, tu le resteras.T’es la sœur que j’ai jamais eu.T’es l’âme sœur à laquelle j’ai toujours crueJ’avoue que j’ai un mal de chien depuis plus de 3 mois mais y a plein de moments où tu arrives je ne sais comment à réchauffer mon cœur. Je te sens.. toujours. Tu as bien fait de laisser l’empreinte de tes lèvres sur mon épaule.Sam, merci… merci pour tous ces mois auprès de toi. Et… tu sais toutes les promesses que je t’ai faites, je les tiens. Toutes.Promis. Jamais trop, jamais assez.
Alors, dis moi.. on trinque à quoi?Tu me chuchotes :À nos cœurs qui ne cesseront jamais de battre …
Il était une fois, ce qu’il est doux de continuer à faire exister…
Aux 3 points de suspension tatoués sur ma nuque.A toi.