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« Témoigner procure du sens à sa propre existence et permet à d’autres d’en tirer avantage. »
Philippe Bataille, sociologue
J’ai 46 ans. j’ai été diagnostiquée positive à un cancer du sein triple négatif en mars 2024. commencé la chimiothérapie et immunothérapie le 16 avril.
Par quoi commencer… l’annonce à l’entourage. C’est là où l’on se rend compte que le comportement et le regard des autres changent face à la maladie.
Entre ceux qui reprennent contact pour se donner bonne conscience, pour faire leur B.A., pour te voir une dernière fois au cas, pour te plaindre, qui te propose d’être là si tu as besoin de quoi que ce soit et à n’importe quel moment. Alors que la plupart c’est encore une fois pour eux qu’ils disent cela mais qu’ils ne le feront sûrement pas. Certains finalement t’enfoncent plus qu’ils ne te soutiennent. Et il y a ceux qui vont te donner des conseils car ils se basent sur des proches qui ont déjà vécu ça ou parce qu’ils l’ont vécu eux-mêmes.
Mais tout le monde est différent, les cancers sont différents, les protocoles sont différents, le corps réagit différemment, on ne vit pas la maladie de la même manière. Il faut arrêter de comparer.
Tu as le droit de ne pas avoir autant la pêche qu’un autre, de pleurer, de ne pas arrêter ton activité, de vouloir t’isoler ou au contraire de croquer la vie à pleine dent. Tout est ok, il faut écouter ton corps et pas ce que disent ou pensent les autres. C’est bon, pas besoin de se rajouter un poids supplémentaire. Chacun vit cette expérience de la vie à sa manière.
Perso, je ne sais jamais quel comportement avoir, mais dans ce cas là je préfère m’abstenir d’aller voir la personne. Une personne malade n’est pas un paria. Je préfère que les personnes gardent le même comportement qu’avant. J’ai fait un message à mes amis en leur disant qu’on ne changeait rien : pas plus ni moins de contacts qu’avant.
Quand j’ai fait l’annonce à ma mère, elle a tout de suite dit : « que vont devenir les enfants? ». Bah ils vont continuer de vivre leur vie (ils sont majeurs). Je ne suis pas encore morte et c’est mon quotidien qui va être chamboulé, pas le leur. Elle s’est mise à apporter des plats, à venir tous les jours, à téléphoner tous les jours comme si j’étais plus capable. Certes cela part d’une bonne intention mais elle se rend plus malade que moi. Elle a refusé de partir en vacances au cas où il m’arriverait quelque chose. Ce n’est pas comme cela qu’on peut soutenir quelqu’un. Mais c’est mon avis personnel.
Et quand vous sortez, même avec votre turban…les gens vous regardent différemment. Non ce n’est pas moi qui pense cela. Car moi, je ne me vois pas (sauf devant un mur) et je pourrais facilement sortir sans rien sur la tête. Mais pour vous raconter des anecdotes : dans les magasins, on me fait passer avant 😁, on me demande si j’ai besoin de m’asseoir (c’est le côté cool), les gens font tout de suite une tête compatissante quand ils comprennent que je n’ai plus de cheveux et de sourcils. Pour ma part, voilà c’est vraiment l’un des aspects le plus compliqué à supporter après la perte des cheveux. Et encore les cheveux, cela a été le plus difficile lors de la 1ere chute des cheveux. Une fois que je me suis faite rasée c’était un soulagement.