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« Témoigner procure du sens à sa propre existence et permet à d’autres d’en tirer avantage. »
Philippe Bataille, sociologue
(Extrait)30 septembre 2020
Cinq semaines c’est court et pourtant c’est interminable. J’ai eu le temps de retourner mille fois toutes les idées dans ma tête, le temps de faire mille et une choses, une dernière fois. Je me suis saoulée de dernières images, de derniers moments, comme si ma vie était arrivée à son terme.
J’ai craqué quand mon fils, pour me préserver du covid, a refusé de m’embrasser, j’ai craqué après avoir déposé ma fille à l’école le dernier jour, j’ai entendu plus de « je t’aime », j’ai craqué en lisant tous les messages reçus. J’ai craqué mais j’ai aussi profité de chaque moment plus intensément encore. J’ai remercié la vie d’avoir un homme soutenant à côté de moi, toujours. J’ai remercié la vie pour tous les cadeaux qu’elle me faisait, et il me semblait qu’elle m’en faisait beaucoup plus, surtout depuis que je savais.
J’ai vécu ces longues cinq semaines avec une conscience décuplée de la richesse de chaque moment et me suis dit que c’était dommage de devoir passer par là pour ouvrir encore plus grands les yeux. Je dis « encore plus », parce qu’ils étaient déjà bien écarquillés depuis quelque temps. Depuis que j’avais passé le cap de la cinquantaine, en fait.Ce n’était pas encore assez, je ne voyais pas encore assez clair, il fallait aller plus loin, au bout d’une nouvelle histoire !
Aujourd’hui est le dernier jour de mon ancienne vie. Je sais que cette vie va changer, que je ne ressortirai pas la même de cette nouvelle expérience.
Aujourd’hui j’affronte mes bourreaux. Ils seront masqués, comme toujours, rendant les contacts plus impersonnels et pénibles. Je scruterai alors encore leurs yeux à la recherche du moindre indice d’empathie, de soutien, de chaleur humaine, j’essaierai de lire dans leurs yeux ce que ne disent pas les mots.
Aujourd’hui j’ai passé les derniers examens et plus jamais je ne reverrai mon sein. On l’a peint, pansé et demain il ne sera plus.
Demain, on m’enlève le sein. Je n’en veux pas d’autre. J’ai décidé d’assumer, de ne pas souffrir plus, de ne pas ajouter d’autres opérations, d’autres risques, d’autres douleurs physiques…
Dès demain, je revendiquerai cette liberté de choix, j’assumerai ma féminité autrement, parce que la féminité ne se résume justement pas à ça !
Je ne regarderai pas en arrière.
Aujourd’hui je livre mon histoire et je rends hommage à toutes ces femmes qui se battent.
bonjour, je me retrouve dans votre commentaire. Bonne soirée. MARYLINE
Nous sommes nombreuses à nous retrouver dans cette histoire et ce n’est qu’une histoire parmi tant d’autres.
Je suis heureuse de la partager pour que d’autres, si possible, vivent mieux leur maladie