Je m’appelle Sophie, j’ai 38 ans et je suis atteinte d’un cancer du sein inflammatoire d’emblée métastatique. C’est une forme rare et agressive.

Début mai 2023, j’ai ressenti une gêne dans les seins, comme un début de grossesse. J’ai fait un test il était négatif. J’avais 36 ans, je n’ai pas pensé à un cancer du sein. Puis un matin en  sortant de la douche, j’ai vu une tache rouge sur mon sein gauche. Je l’ai touché et j’ai senti tout de suite une boule énorme. Je me demande encore aujourd’hui comment j’ai pu ne pas la voir, elle faisait 10cm.

Je n’ai pas été assez attentive à mon corps.  L’auto palpation aurait pu me sauver la vie. 

Quatre jours après je passais une échographie et une mammographie en urgence. Après plusieurs examens, on m’a annoncé qu’en + de ma tumeur, les ganglions de mon bras étaient touchés, il y en avait aussi entre mes poumons et dans mon cou. Le cancer s’était aussi déjà propagé dans mes os. J’avais des métastases sur 2 vertèbres. L’annonce a été un choc, mon cancer est au stade IV, il est incurable.

J’ai perdu mes parents très jeunes et l’idée que mes enfants vivent la même chose que moi me terrifiait. J’ai commencé par 6 mois de chimiothérapie EC durant lesquels j’ai été très malade. Je vomissais beaucoup jusqu’à avoir des inflammations de l’œsophage. Mais ça a marché , la chimio a anéanti la tumeur et les métastases.

Aujourd’hui mon cancer est endormi et on le contient avec une thérapie ciblée. On m’a bien expliqué que ce traitement ne fonctionnera pas éternellement, le cancer finira par reprendre le dessus ; alors je fais des contrôles tous les 3 mois.

J’essaie de rester confiante même si certains jours c’est difficile mais je m’accroche. J’espère vivre le plus longtemps possible, j’espère sauver l’enfance de mes enfants.

Depuis 1 an je partage ma vie dans un journal ( Le Journal de Sophie ) sur Instagram Je parle de mes émotions et de ma façon de vivre mon cancer et de l’aborder avec mes enfants. Je mets des mots sur ce que nous malades nous ressentons et que nous n’arrivons pas toujours à dire à nos proches.

J’ai reçu une vague d’amour et de soutien de mes proches et d’inconnus.  Ça me fait beaucoup de bien , ça me permet de donner un sens à tout ça .

J’aimerais dire à tous les malades de s’accrocher. Vous êtes plus forts que ce que vous pensez . Bien sûr, certains jours, on baisse un peu les bras mais c’est normal. Même les plus grands guerriers ont besoin de repos.