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« Témoigner procure du sens à sa propre existence et permet à d’autres d’en tirer avantage. »
Philippe Bataille, sociologue
Mon conjoint subit un cancer de la prostate détecté en novembre 2020. C’est vrai que c’est un coup de massue.
Gradué à 8 sur l’échelle de Gleason c’est un cancer qui est alors encore intracapsulaire mais à haut risque de récidive.
Les différents spécialistes rencontrés et surtout son oncologue lui font comprendre que seule l’ablation de la prostate ne suffira pas forcément et lui propose de passer par un protocole de radiothérapie puis de curiethérapie puis enfin d’hormonothérapie.
Nous en sommes aujourd’hui à 27 mois de l’annonce, à 3 mois de l’arrêt de l’hormonothérapie avec des contrôles réguliers chez son urologue avec bilan sanguin, ECBU… Dans quelques jours il doit passer une fibroscopie pour aller voir du côté de la vessie car depuis son traitement il souffre de problèmes urinaires qui ne diminuent pas et ses derniers résultats d’ECBU montrent Leucocytes et hématies en nette augmentation.
Si je ressens fortement le besoin de témoigner aujourd’hui c’est pour parler, entendre et comprendre le réel tsunami que peut provoquer un cancer dans un couple.
Notre vie commune d’alors, et malgré de l’amour encore, battait de l’aile, déjà.
Surtout pour moi j’ai l’impression. Enfin, disons que moi j’arrivais encore à (lui) en parler. Très concrètement.
Mon besoin de faire un break.
Qu’il disait comprendre alors.
Puis l’annonce de ce cancer.
Je ne sais pas comment il le vit intérieurement il n’en dit rien.
J’ai alors cessé de le lui demander.
Il me parle de ses examens à venir qui se présentent mais ne partage pas son appréhension. Ses éventuelles angoisses, que je ressens pourtant fortement quand elles se présentent.
Me sachant sensible, ne veut-il pas m’inquiéter ? Ou en partageant, a-t-il peur de sur-nourrir ses propres inquiétudes ?
Pour moi, ce cancer a terminé de nous séparer. Il dit m’aimer, demandait il y a encore peu beaucoup de câlins, comme il l’a toujours fait, dans l’intimité, car au dehors, lui-même cache son hypersensibilité derrière une façade d’homme assuré. Ce qui a terminé de n’exaspérer et surtout, de m’user, moi qui lui sert de batterie de rechargement.
Aujourd’hui c’est moi qui suis vidée et en colère contre moi-même de ne pas avoir quitté ce couple plus tôt. Mais depuis son cancer je suis pétrie de culpabilité à penser le faire. En même temps je m’étiole un peu plus chaque jour et craint de ne tomber malade à mon tour. D’ailleurs le moindre virus qui m’affecte prend une tournure importante. Aujourd’hui mon stress me déclenche de l’asthme. Je parle de fuite en avant.
Il y a encore très peu, de peur de le perdre, c’était bien ça, je le fuis et je veux fuir. Loin.
J’essaie de me dire que ce n’est qu’une mauvaise passe mais chaque matin, à chaque réveil, souvent en pleurs, je me dis qu’il faut que je trouve le courage de partir.
Là où nous habitons, dans sa région, sa ville de naissance je ne connais personne. Je n’ai pas de famille à qui en parler et jusqu’à maintenant je n’osais pas dire mes souffrances à mes quelques amis, qui de plus, habitent loin.
Je fais semblant, mais je me sens si seule. Nous ne partageons plus grand chose et ce n’est pas nouveau. La maladie n’a rien arrangé. Je rêve de cette pause, qui pour moi dans la tête est déjà plus qu’une simple pause, même si cela me fait peur. Mais je ne trouve pas d’alternative car je crois qu’au fond de moi je sais qu’il n’y en a pas. Son cancer l’a fait se renfermer un peu plus sur lui-même.
Nous avons 12 ans de différence d’âge, lui étant plus âgé et à la retraite depuis 3 ans déjà. Cette différence d’âge continue de se creuser. Nous nous ennuyons ensemble et encore un peu plus depuis cette maladie. J’ai 53 ans et j’ai l’impression que la vie est finie.
Si certains d’entre vous se reconnaissent dans mon témoignage et m’aident à y voir plus clair, par avance merci. Claire.
Bonjour Claire
Vous avez répondu à mon témoignage et je réponds au vôtre à mon tour. Je ne suis pas psy mais j’ai un peu l’expérience des gens. Le cancer de votre époux n’est pas la cause du malaise dans votre couple, il n’a fait que l’exacerber. Vous ne l’aimez plus et je vous donne un conseil: Quittez le! Ca ne changera rien à son cancer et vous cesserez de vous aigrir. Faites-le avec tact mais faites le. L’amour qui renaît de ses cendres n’est qu’un mythe, ça n’existe pas. Si vous continuez à faire semblant, celà risque même de gêner une future guérison car il va s’en rendre compte, inévitablement et il croira que c’est la faute du cancer alors que ce n’est pas ça. Désolé d’être si direct, mais à nos âges, il ne faut plus perdre de temps. Courage à vous et rétablissement à votre époux.
Que la femme parte pendant que son mari a un cancer, peut être aussi très délétère pour lui, je trouve cela énormément délicat. L’inverse aussi bien sur.
Bonjour, votre couple battait déjà de l aile avant son cancer. Vous êtes avec un homme qui ne parle pas de la maladie. Beaucoup ont dut mal à se confier, s exprimer, ils n en ressentent pas le besoin surtout quand cela vient de son conjoint. Vous n avez rien à vous reprocher, pensez à vous, à votre santé, devenez plus égoïste, il faut arrêter d avoir peur de blesser l autre alors que vous vous n allez pas bien moralement. La vie est courte, je m en rends compte, je suis en rémission de mon cancer du sein et je regrette d avoir penser aux autres et quand j en avais besoin, je me suis retrouvé seule. Courage à vous
Soyons francs, le cancer de la prostate provoque des problèmes d’érection, ma femme ne l’a pas supporté, très vite elle m’a trompé. Nous nous sommes séparés après 40 ans de mariage. Risque de récidive, impuissance, isolement, coupure avec mon entourage. Un échec total