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« Témoigner procure du sens à sa propre existence et permet à d’autres d’en tirer avantage. »
Philippe Bataille, sociologue
Il y a quelques jours à peine, Docteur Pro Dulolo a sorti son attirail et ses ciseaux pour remettre mes nénés à niveau. Je me doutais que ce ne serait pas une partie de plaisir, que les douleurs pourraient m’anéantir. C’est confirmé, je souffre terriblement malgré le paracétamol.
Mais je ne sais pour quelle raison, cette fois, c’est différent. Je vis cette convalescence comme une sorte de renaissance. Je n’ai jamais ressenti cela auparavant, même pas lorsque ce même Docteur a délogé le crabe tueur.
Seulement vingt-quatre heures après l’opération, il m’a laissée là, toute seule, avec mes hématomes, mon panti trop petit et mes bandages qui servent de moulage. Il m’a dit, c’est fini, vous pouvez y allez. On se retrouve dans quelques jours pour tout vérifier, mais je ne suis pas inquiet, j’ai bien travaillé.
Depuis cet instant, j’ai le sentiment d’avancer dans le désert les jambes lourdes, le corps endolori, et quelques sueurs dues à la chaleur.Je marche au rythme de mon coeur.
Je suis particulièrement fatiguée, mais pas agacée. Je me pose, je me repose, je me cale dans ce sable qui soulage ma lourdeur et mes douleurs.Je dors au rythme de mon coeur.
Je sais qu’en restant sur mon chemin, c’est dans une oasis que je le reverrai ce médecin. Je ne la vois pas pour le moment, mais elle est quelque part, je la ressens.
Ce désert pourrait m’être hostile.Je devrais le détester de me faire souffrir, mais il me donne le sourire.Je devrais le haïr d’exister, mais j’aime ce qu’il me fait découvrir.
Je n’ai aucun compagnon de voyage et cela me va bien. C’est l’occasion de penser à chacun de mes proches, d’imaginer leur réaction lorsqu’ils découvriront mes nouveaux nichons. Je suis heureuse de les épargner de ma réalité pour les revoir avec de nouveaux espoirs.J’aime au rythme de mon coeur.
Je n’ai aucun projet à travailler, aucune tâche à réaliser. C’est idéal pour créer, imaginer de nouvelles aventures pour « Les roses poudrées ». Je pense à tout ce que l’on va pouvoir concocter, mon amie Phanie et moi, pour les copines de combat.Je crée au rythme de mon coeur.
Je n’ai aucune obligation qui me force à accélérer. C’est parfait pour me rendre compte des merveilles et de l’immensité du paysage. Je rêve enfin de ma troisième vie encore plus belle que les deux précédentes.Je revis au rythme de mon coeur.
Je n’ai aucun besoin particulier en dehors de celui d’avancer. C’est le bon moment, je crois, de ne penser qu’à moi. Je prends le temps de ressentir chacun de mes mouvements, et surtout d’apprivoiser les deux amis de ma nouvelle vie. Non, non, je ne passe pas des heures à les tripoter, mais je les regarde évoluer, changer de couleur et cicatriser.Je me reconstruis au rythme de mon coeur.
Ce désert m’est nécessaire. Je suis heureuse de le traverser. Il est exactement ce qu’il me faut pour me connecter à un avenir qui me donne le sourire.Je veux y rester encore un peu, me ressourcer au mieux. Lorsque j’en sortirai, ce sera pleine de projets et d’espoir à partager.
La reconstruction de mes nichons ne se limite pas à ma plastique, même si c’est déjà fantastique. Elle est le début de mon moi nouveau, du top niveau et je ne parle pas de mes lolos.