J’ai la migraine à peu près tous les deux jours depuis le début de mon nouveau traitement.J’ai mal aux hanches et aux jambes au point de croire parfois qu’elles vont se briser sous mon petit poids.J’ai la nausée, je ne sais pas ce qu’elle me dit, mais elle me complique vraiment la vie. Je n’apprécie plus les repas, et n’ai même pas envie de chocolat.J’ai des soucis intestinaux malgré le peu de nourriture acceptée par mon corps fatigué. Il se rebelle de tout et de rien, il ne me prévient pas, mais lorsqu’il désire le vide, il n’hésite pas et fait des dégâts.J’ai mal aux doigts aussi, mais aujourd’hui, ils me laissent suffisamment de répit pour tapoter mes émotions sur ce clavier exorciseur de toutes mes peurs et mes douleurs.

Ces douleurs, ce sont les effets secondaires de ce traitement, l’amie l’hormonothérapie.Ce n’est pas simple pour moi de l’accueillir avec le sourire alors qu’il me fait souffrir.Accepter qu’il me fasse du mal tout en sachant que c’est pour mon bien.Accepter qu’il me diminue pour éviter qu’un nouveau crabe ne me tue.Accepter qu’il modifie considérablement ma vie pour la rêver plus longue et épanouie.Accepter chaque douleur et lui chercher un remède de douceur.Accepter le regard de mes enfants qui souffrent autant que moi lorsqu’ils me voient.Accepter, s’accrocher à l’espoir, à l’envie d’y croire pour ne pas jeter l’éponge.

Dire « oui » à cette hormonothérapie sans aucune contrepartie.Ingérer ce petit cachet quotidien parce qu’il me veut du bien.Lui associer des anti-douleurs pour pouvoir l’oublier quelques heures.L’accompagner de soins de support pour le calmer et se sentir plus fort.Pratiquer de l’activité physique, rester dynamique pour en diminuer ses effets maléfiques.Accepter, s’accrocher à l’espoir, à l’envie d’y croire pour ne pas jeter l’éponge.Mais il y a des jours, des semaines même, où je la jetterais bien le plus loin possible de mon quotidien.J’ai tellement de rage parfois que si je l’utilisais dans ces moments-là, je décrocherais haut la main le record du monde du « lancé d’éponges », mais je crois qu’il n’existe pas.Il y a des jours où ce traitement n’a plus de sens dans mon esprit.Il y a des événements qui me font perdre espoir, qui me disent « Lâche l’affaire Valérie, il te pourrit la vie sans aucune garantie ».

Aujourd’hui est un jour comme celui-ci.Je lui en veux, car malgré tous mes efforts, je ne constate aucune amélioration de ma condition.Je lui en veux d’être constamment fatiguée et de devoir sans cesse me surpasser.Je lui en veux de m’abîmer un peu plus chaque jour, de le découvrir dans le regard de mes amours.Je lui en veux encore plus fort, car malgré lui et mes efforts, un petit nodule est venu s’accrocher à mon thorax tout plat et malmené. Il n’est peut-être pas méchant, mais il faut l’explorer, et j’ai la trouille comme jamais.Je lui en veux tellement…

Accepter, s’accrocher à l’espoir, à l’envie d’y croire pour ne pas jeter l’éponge.Cette phrase, je me la répète en boucle, même un jour comme aujourd’hui où je resterais bien au fond de mon lit.Je la remercie d’exister, bien que parfois je l’envoie balader.

J’accepte, je m’accroche à l’espoir, j’ai envie d’y croire, je ne veux pas jeter l’éponge, je ne peux pas jeter l’éponge.Je m’agite, je cogite pour m’aider à avancer malgré mes vilaines pensées.Je remplis mon agenda d’activités pour ne pas me faire emporter par les angoisses de Madame « La poisse ».Je m’engage dans des collectifs pour ne pas pouvoir abandonner, un engagement, c’est sacré.Je saute sur le peu d’énergie trouvée pour me bousculer, me secouer.J’essaie de prendre soin des membres de ma Kommunauté. Leur apporter de la douceur réduit considérablement mes peurs.Je pense à celles qui sont dans de pires situations que moi, à mes amies qui n’ont plus la chance de pouvoir râler, crier, pleurer parce qu’elles se sont envolées.

C’est une autre forme de combat celui-là, je lutte pour ne pas abandonner.J’accepte, je m’accroche à l’espoir, j’ai envie d’y croire, je ne veux pas jeter l’éponge, je ne peux pas jeter l’éponge.