Bonjour,

Je me présente Anaïs. J’ai aujourd’hui 23 ans et je suis opticienne en Normandie.

Je me suis dirigée sur ce site pour vous faire part d’un instant de ma vie :Alors que j’effectuais mon stage en tant que designer en lunetterie dans une entreprise de renommée international, située à Paris; un médecin aux urgences de Cochin m’a diagnostiquée un cancer du médiastin.

Un matin ensoleillé le mercredi 27 avril 2016….. Ce fut d’une violence extrême. Le médecin urgentistes de cet hôpital me l’a annoncé publiquement dans la salle d’attente du service radiologie… Je me suis coupée du monde. Je me suis retrouvée seule avec moi-même, les yeux écarquillés, perdus dans le vide, complètement sourde.Mon premier réflexe fut d’appeler mon petit ami. Matthieu, avec qui je vivais un rêve d’amour depuis 2 ans environ.

Mon pauvre Matthieu fut malheureux durant son enfance… Depuis on jeune âge, il fut confronté à la maladie. Au cancer de sa mère, de son père, de ses oncles et tantes, papy, mamy, etc…

Quand je l’ai rencontré, son père était malade depuis plusieurs années. Il est décédé quelques semaines après que nous nous mettions en couple… J’ai eu la chance tout de même de le rencontrer deux fois, et j’en suis très heureuse. Malgré le fait que je connaisse très peu Matthieu à cette époque, je ne me voyais pas l’abandonner lâchement dans la nature avec un poids aussi énorme que de perdre son père. Je m’étais attaché à lui très rapidement. J’ai décidé de ne pas me rendre à l’école deux semaines pour le soutenir, être son épaule sur laquelle s’appuyer et pleurer, cette présence câline dans le lit, ce soutien qui le force à manger et à sortir…

J’avais 19 ans à ce moment et lui 22 ans. Nous avions vécu un début de relation quelque peu bousculé, et même si nous étions un très jeune couple, nous étions déjà unis par un lien extrêmement fort.

Tout se passe dans le meilleur des monde avec lui. Nous nous voyons seulement le week-end, car j’étais étudiante sur Paris. Je faisais les trajets chaque semaine pour le voir. Très tôt, nous nous sommes dit « je t’aime », très tôt nous avions des projets et le regard tourné vers l’avenir.

Et ce jour arriva. Ce fameux mercredi 27 avril 2016. Il ne m’avait pas cru, tentait bien que mal à me convaincre que les médecins s’était trompés, que je n’étais pas malade… et pourtant les symptômes cliniques étaient révélateurs…. Je fut hospitalisé à Cochin pendant 4 semaines. Il a fallu m’opérer d’urgence, mais ce sont des internes en médecine qui s’en sont chargés. L’opération a très mal tourné, j’ai failli y passer… Je n’en parla pas à Matthieu, de peur de le préoccuper, malgré le fait qu’il commença à l’accepter. C’est même lui qui s’est chargé d’appeler amis et famille, car je n’en avais pas la force.

Il m’aimait. Je pleurais à chaudes larmes quand il fallut que je me rase les cheveux à blanc. Il m’aimait tellement, qu’il s’est lui même rasé les cheveux comme moi pour « que les gens ne reconnaissent pas le/la malade »… Une preuve d’amour qui m’a tellement émue. Ensuite, j’ai vu dans son regard, qu’il me désirais et que je l’attirais physiquement même sans cheveux, qui pour moi révélait la féminité….

Nous avons trouvé une autre façon de faire l’amour. C’était merveilleux d’avoir ce soutien d’amour aussi énorme, j’avais une totale confiance en lui.Durant la maladie, j’ai du m’installer chez lui, là où j’avais l’habitude de le rejoindre les week-ends. Je me sentais chez moi, chez nous. Depuis des années je rêvais d’avoir un lapin, nous en avons adopté un pour que je me sente moins seule quand il allait travailler. Et pourtant, ce fut une énorme concession pour lui, car il n’en voulait vraiment pas.

Pour qu’il ne se sente pas perdu dans cette épreuve, je le laissais qui il voulait être. Je le laissais jouer à ses jeux vidéos, à aller plusieurs fois à la salle de muscu après son boulot, il choisissait les films qu’il voulait voir, etc…Je voulais qu’il soit fière de moi et qu’il continue à m’aimer. Je me suis inscrite à la salle de muscu quand j’étais malade, comme ça je rentrais dans ses centres d’intérêts et nous partagions quelque chose ensemble, comme un couple normal (malgré le fait que je déteste ça !).

Je faisais le ménage et la cuisine pour qu’il n’ait rien a faire, je me maquillais et m’habillais comme avant pour ne pas qu’il ait la vision de sa copine malade, etc… J’ai fait énormément d’efforts pour lui, pour sauver notre couple, même s’il était plutôt bien portant. Mais j’avais peur, j’avais un pressentiment… et j’ai eu raison.

Nous n’avions plus de rapports intimes (on m’a enlevé les ovaires, de ce fait, je n’ai plus eu aucun désir et je ne me sentais plus femme et surtout je ne pouvais plus imaginer être mère… Je rêvais d’être mère de SON enfant, et j’en souffrais, je pleurais après l’acte, car j’avais un réel blocage physique).

J’ai pris l’initiative de prendre rendez vous chez une sexologue (compétente), pour me faire sentir femme et désirable.

Après plusieurs rendez vous, ça allait mieux dans nos relations. Puis la sexologue a demandé à le rencontrer. Et là, ce fut le drame….

Matthieu était stressé sur la route, je lui disais qu’il pouvait être confiant, que nous n’allions pas le juger et que surtout il pouvait s’exprimer librement. La sexologue lui pose la question « qu’est-ce que vous ressentez pour Anaïs ? » Un long silence s’installe… qui devint de plus en plus pesant…

Il dit « Je crois que je n’ai plus de sentiment pour elle…. » Je l’ai ressenti comme un décès interne. Mon coeur s’est brisé et s’arrêta. Autant sous le choc que l’annonce du cancer ! Sauf que là, j’ai pleuré en sanglot…. J’étais inconsolable. Il me caressa la cuisse en me disant qu’on allait y arriver.

Je l’ai repoussé violemment. Je l’ai regardé comme jamais je n’aurais pensé et osé le regarder comme ça. Il a repoussé sa main. Ma tête s’est lentement redirigé vers la fenêtre. Mais je n’ai rien vu venir, il n’a rien laissé paraître quand nous vivions ensemble.

Ma vie, mon avenir, la force que j’ai puisé en moi pour vaincre mon cancer était pour lui, pour notre mariage dont nous parlions sérieusement, pour l’investissement dans notre nouvel appart, etc…

Mon but ultime était de le rendre heureux. J’ai pourtant tout fait pour qu’il le devienne, ce fut l’échec le plus dur de ma vie entière. Même mon cancer je ne l’ai pas vécu comme ça, mais plutôt comme une épreuve, mais pas comme un échec.

Quand ils discutaient l’un et l’autre, je n’entendais rien, j’étais dans ma bulle. Le seul regret que j’ai eu c’est de me battre pour vivre, et de finalement vivre ça aujourd’hui…

Je pensais qu’après toute cette merde, je pouvais enfin aspirer à une vie paisible, heureuse et pleine d’amour. À la seconde où je me disais ça, je savais que j’allais entamer un autre combat, alors que je n’avais pas fini celui de ma reconstruction psychologique.

Je suis rentré chez nous. Une heure, deux heures passent sans qu’il ne soit rentré. J’entend les clés dans le trou de la serrure, c’est enfin lui, je suis soulagée. Mon sac était prêt, je voulais qu’il me voit partir.Sans un bruit, sans un mot il me regarde partir… Je ne savais pas où allé, j’ai perdu tous mes repères. Je décide de manger au moins de me forcer. Je regarde les voitures du drive au mac do, un peu paumée, avec mes frites froides dans la main.

En face je vois un hôtel. Non je ne pouvais pas partager le même lit que lui, ni le voir, il me répugnait, il me mettait en colère… Je me suis pourtant renseigné mais la chambre était à un prix exorbitant… Je rentre à reculons à l’appart. J’attend 23h qu’il aille se coucher. Demain nous devions nous lever tôt pour aller au sport. Je rentre dormir sur le canapé….

Le lendemain, il décida de faire voiture séparée pour aller au sport ensemble. La nuit m’avait portée conseil, je voulais lui parler, mais apparemment lui aussi ça l’a fait réfléchir.

Aucun regard, pas un échange à la salle de sport. Nous rentrions chacun de notre coté chez nous mais encore une fois, il ne rentra pas. Cette fois ci, de toute l’après-midi… J’étais terriblement inquiète…Le soir, il était prévu que nous allions à un barbuc chez des amis. J’ai inventé un fausse excuse pour justifier son absence.

J’ai pris l’initiative de chercher un appartement pour m’installer seule… J’ai eu la chance que dans la foulée, un patron veuille bien me faire un contrat d’essai. Je vous passe certains détails, le témoignage risquerais d’être encore long. Pendant une semaine, j’ai logé chez mes parents, ce qui fut une épreuves difficilement supportable, avec beaucoup de cris, de pleurs, de reproches, d’insultes, etc….

Matthieu me punissais, en me faisant ça. Pendant une semaine je n’ai pas répondu à ses messages qui me disaient que je lui manquais, qu’il regardait mes photos. J’ai été extrêmement meurtrie, blessée et surtout trahie. Pendant plusieurs mois, il m’a laissé croire qu’il m’aimait. Ses câlins, ses bisous étaient tous faux ?? Non, je n’avais pas envie de lui répondre, je voulais l’oublier, le laisser être heureux tout seul, puisque c’était ce qu’il voulait.

Un jour, j’ai sentie dans son message beaucoup de désespoir. J’ai accepté de le voir. Je n’ai pas été tendre et j’ai eu le temps de prendre beaucoup de recul et d’analyse sur la situation. Je lui ai tout dit avec sincérité et méchanceté et il a pleuré. Cela ne m’a pas attendri. Mais par respect au moins je me devais le soutenir et de le comprendre. Il m’a avoué qu’il regrettait, qu’il voulait me reconquérir.

Je ne lèverais pas le petit doigt, s’il ne s’avoue pas lui même, qu’il ait un problème. Un problème lié à la perte de son père, un problème lié au cancer et à son enfance…

Mon humeur s’est adoucie, quand il a prit le téléphone pour prendre rendez vous chez la psychologue. Un effort incontestable de sa part que je remarque.Je vous promet j’essaie de faire un bref resumé de la situation !

Aujourd’hui nous sommes au point mort… Il en ait à sa deuxième séance chez la psy, mais c’est difficile pour lui d’être tendre et avenant avec moi. J’en souffre beaucoup étant donné que je l’aime et que je veux me battre pour lui. Malheureusement, il me mets des barrières comme quoi, je vais trop vite.

Mais mon coeur parle. Et à un moment donné, mon raisonnement prendra le dessus… Je ne veux plus souffrir. J’ai assez donné dans un court laps de temps. Mais je me bats toujours et encore pour l’instant pour nous et surtout pour lui, pour qu’il soit heureux, avec ou sans moi…