En août dernier, j’ai su. Mon mamelon s’était enfoncé. Quelque chose n’allait pas. Mon médecin m’a prescrit une échographie en urgence, puis une mammographie. Rien. Les images ne montraient rien. Et pourtant… La biopsie, elle, n’a pas menti.

Je me souviens avoir pleuré en sortant du cabinet de mon médecin. J’étais seule. Et quelques heures plus tard, je devais accueillir mon mari et mon fils comme si de rien n’était.

Je leur ai annoncé la nouvelle sans leur faire peur. Je leur ai dit que j’allais me battre. Que je n’allais pas me laisser faire. Et j’ai souri, pour eux. Pour moi aussi, un peu.

J’ai décidé de continuer à vivre normalement autant que possible. Mais la chimio, elle, ne m’a pas laissée tranquille. Les EC100, toutes les 3 semaines, c’était rude. Dès la deuxième séance, il me fallait quinze jours pour m’en remettre. Fatigue écrasante, effets secondaires… Un matin, j’ai décidé de me raser les cheveux moi-même. J’en avais marre d’en perdre par poignées. C’était un geste de reprise de pouvoir, presque de dignité. J’avais de longs cheveux bouclés… mais ce n’était plus le moment de m’y accrocher.

La deuxième partie du protocole a été plus supportable. Moins violent, mais pas sans conséquences : fourmillements, goût de fer permanent dans la bouche, mucites…

Aujourd’hui, je suis en plein dans la radiothérapie – ma troisième séance est derrière moi – avant ma chirurgie reconstructive à Clermont-Ferrand. Le chemin est encore long, mais je marche dessus avec une seule idée en tête : je veux vivre. Et plus que jamais.

Quelques mois après le début de ma chimio, j’ai décidé de créer ma micro-entreprise. Je fabrique des objets en ciment blanc que je peins à la main, des bougies parfumées, des sacs cousus avec amour…

Chaque création est une manière de dire « merde au cancer ». De poser un acte de vie, d’avenir, de beauté. De retrouver ma force créative.

J’ai aussi revu mon alimentation. Je suis en surpoids, et même si ce n’est pas une question d’apparence, c’est une question de santé. Je ne veux pas subir ma vie. Je veux la choisir, activement. Je veux être là pour ceux que j’aime. Pour moi. Pour ce que j’ai encore à construire.

Ce cancer m’a secouée, mais il ne m’a pas volé ma lumière. Il m’a forcée à aller chercher encore plus profondément en moi, à transformer l’épreuve en moteur de création. Je suis Stéphanie, et je dis merde au cancer en bâtissant un avenir avec mes mains, mon cœur, et toute la force de mon courage.