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« Témoigner procure du sens à sa propre existence et permet à d’autres d’en tirer avantage. »
Philippe Bataille, sociologue
Mais en vrai, à l’intérieur de moi, ça n’est pas du tout ainsi que je le vis : j’ai peur de souffrir encore et pour rien. Souffrir pour moins souffrir est mon quotidien. Mais est-ce que souffrir pour être belle doit faire partie du panel ?Chaque semaine, j’ai des séances de kiné pour tenter d’améliorer la souplesse de mon néné. C’est primordial, mais ça fait très mal. Chaque semaine, j’ai des crises de douleurs dans les pieds. C’est particulier de devoir marcher avec des fourmis et une sensation d’élastique très serré autour des mollets. Chaque semaine, j’ai quelques nuits compliquées, perturbées par des bobos de ventre qui m’obligent à squatter les WC. Chaque semaine, j’ai des matins envahis de douleurs musculaires que seuls des efforts et du sport peuvent faire taire. Mais chaque semaine, je gère tout cela sans baisser les bras, car j’ai bien compris que ce quotidien était mien.
Cette nouvelle intervention est celle de trop. Je vais encore souffrir de ces nouvelles cicatrices et je ne sais pas comment je vais pouvoir les gérer. Mon agenda des douleurs est complètement booké. J’ai bien conscience que je n’ai pas le choix. Cette opération doit apaiser les souffrances que je vis au quotidien depuis des mois. Et cerise sur le gâteau, elle doit aussi me faire jolie, comment ne pas dire « oui » ?Je suis un peu perdue je crois. J’ai peur de ne pas surmonter cette épreuve là. Et pourtant, elle est bien ridicule par rapport au reste. Bien que parfois, l’envie m’effleure de m’endormir pour l’éternité, je rêve plus souvent d’être agréablement surprise. J’essaie de penser à mes futurs nénés fiers de leur fermeté et impatients de gagner un concours de tee-shirt mouillé. Souffrir pour moins souffrir est mon quotidien. Souffrir pour être belle est ma réalité.