On parle de lutte contre le cancer. Pour moi, à chaque étape, je me suis sentie plus en lutte contre la perspective de chimio, que contre le cancer en lui-même. Peur, terreur… fondée… infondée… tintée de traumatismes passés, encore tellement présents…

Être malgré moi, poussée dans le rôle de malade, risquer de perdre mon autonomie… entendre cette petite voix au fond de moi… « elle aurait dû (pu) être gravement handicapée… est-elle vraiment normale ? … c’est celle qui a eu « des problèmes à la tête » ».


Depuis mes 10 ans… apprendre à ne rien montrer, créer une succession de dénis… Cacher, jusqu’à oublier, la perpétuelle instabilité de mes pas, alors qu’une flaque d’eau, une plaque de gel ou encore le sol et ses formes inconstantes menacent de me faire vaciller.


Les maux de tête, constants jusqu’à mes 24 ans. Les terribles crises d’hydrocéphalie, celles qui m’ont enseignées à quitter mon corps.


La confrontation avec la mort, presque tous les 7 ans… se relever… faire comme si de rien n’était… Une boule dans le sein… nouveau déni qui durera 3 ans. Cancer… rechute… on me dit stade 4… rémission… se relever… avec toujours cette urgence de vivre… découvrir et apprendre de l’autre, des autres réalités, cultures et chemins de vie… se sentir vivante et reconnaissante…


Et toujours en toile de fond, l’indignation… face aux injustices, aux inégalités… des soins de santé exceptionnels pour les uns (pour moi) et précaires voir inexistants pour les autres.


Vivante, reconnaissante mais indignée…