Je m’appelle Émilie, j’ai 39 ans, et en mars dernier, ma vie a basculé.

Quelques jours à peine après mon anniversaire, de petits signes sont apparus. Rien d’alarmant sur le moment, mais assez pour m’amener à consulter. Le verdict est tombé, plusieurs mois après, brutalement : cancer du sein. Ce mot que l’on redoute, celui qu’on pense toujours réservé aux autres, aux plus âgées, à celles avec des antécédents. Moi, je n’avais rien de tout ça. Mais la maladie n’a pas de règles.

J’ai entamé cette aventure de soin avec détermination. Les examens, l’opération, les traitements, les salles d’attente, les kilomètres en voiture, les longues heures à patienter… Tout s’est enchaîné. Et pourtant, pendant tout ce temps, j’ai continué à vivre.

Je ne suis jamais “tombée malade”, pas dans le sens où on l’imagine. Je n’ai jamais perdu mes cheveux, jamais eu le teint gris, jamais cessé de sourire. Je n’ai jamais eu l’air malade. Même dans ma tête, je ne me suis jamais considérée comme telle. Ce cancer a été une épreuve, mais il n’a pas pris possession de moi. Il m’a traversée, oui. Il m’a mise à l’épreuve, clairement. Mais il ne m’a jamais définie.

Et c’est peut-être là le message que je veux faire passer : même quand on ne “voit rien”, même quand on a l’air d’aller bien, la maladie est là. Silencieuse, discrète, mais bien réelle. Et elle mérite qu’on l’écoute, qu’on l’accompagne, qu’on la soigne.

Aujourd’hui, le plus lourd est derrière moi. Me voilà dans la phase de rééducation, de reconstruction, de rémission. Une phase tout aussi importante, mais souvent invisible, elle aussi. C’est le temps de recoller les morceaux, de retrouver son souffle, de réapprendre à se faire confiance.

Je suis fière du chemin parcouru. Fière d’avoir gardé la tête haute. Et surtout, reconnaissante : envers la médecine, envers les personnes qui m’ont soutenue, et envers la vie qui continue.

Alors à toutes celles et ceux qui traversent cette tempête, ou qui accompagnent quelqu’un qui la traverse : sachez qu’on peut avoir l’air en pleine forme et porter, en silence, un combat immense. Prenez soin de vous. Écoutez-vous. Et surtout, n’attendez pas pour vous faire dépister.

Parce que le cancer ne se voit pas toujours. Mais il se soigne.