« La carte n’est pas le territoire »…

Je me rappelle de cette petite phrase d’Alfred Korzybski, concept central de mes vieux cours de PNL (Programmation Neuro linguistique).

Je m’en souviens comme d’un ancrage positif.

À l’époque, cette si petite phrase m’a fait comprendre que ma vision du monde était mienne, faite de mes expériences, de mes valeurs, de mon éducation, que de ce fait, elle n’était pas celle des autres. J’ai d’ailleurs développé une grande curiosité quant à la découverte du monde des autres, de la richesse et de l’ouverture que cela pouvait m’apporter.

J’ai aussi compris qu’il existait une infinité de cartes au sein d’un seul et même territoire, et cela me comblait d’espoir.

« La carte correspond à la représentation que l’on se fait du monde, et le territoire est le monde tel qui est réellement ».

Pour ma part, je ne peux que constater que ma carte ainsi que mon territoire ont, tous les deux, été terriblement bouleversés ces dernières années.

Ma croisade en elle-même m’a fait déménager.

Je suis passée du territoire du monde du travail et de la bonne santé, à celui de la maladie et de l’invalidité. Je n’avais pas réalisé, à quel point, un déménagement forcé pouvait être si traumatisant. J’ai agi comme beaucoup d’êtres face à un passage obligé. J’ai foncé tête baissée, je n’ai pas regardé derrière moi pour éviter de flancher, je n’ai pas pleuré ce que je perdais, ce que je ne pouvais pas emmener avec moi dans ce voyage empli de rage.

Je n’ai pas de regrets de mon comportement, il m’était vital au moment des faits, en période de survie. Je n’avais d’ailleurs aucune conscience de cette si grande évidence : je changeais de territoire, j’en quittais un bien connu pour un autre inconnu. Ce voyage fut un peu long, douloureux et fatigant, mais aujourd’hui j’y suis… Me voici enfin posée dans ma nouvelle vie.

Je crois au plus profond de moi que la vie est faite de paillettes sur notre chemin, quels que soient notre voyage, nos épreuves, nos galères.

J’en ai croisé une scintillante cette semaine…

Mon amie et collègue Mistinguette m’a redonné mes affaires personnelles restées enfermées dans un tiroir de cet ancien territoire. Il n’y avait rien de particulier au premier coup d’oeil : des vieux sachets de thé, un mug, une tablette de Toblerone et quelques petits objets offerts au cours des années. Cela peut paraître anecdotique, superficiel, sans intérêt, mais pas pour moi. Récupérer mes derniers effets, pouvoir les trier, en garder l’essentiel, sourire à la vue de ce Toblerone périmé m’a permis de comprendre que mon déménagement était bel et bien clôturé. Le Tote Bag rempli de ces trésors du passé m’a renvoyée dans mes anciennes expériences sans aucune souffrance. J’ai ressenti la fierté de ce que j’avais réalisé, j’ai pris plaisir à partager quelques souvenirs sans nostalgie ni tristesse de mon absence.

Aujourd’hui, je crois pouvoir le dire, j’ai bel et bien déménagé. Je ne connais pas grand-chose de mon nouveau territoire, mais mes valises y sont posées.

Pour ce qui est de ma carte, la représentation de mon nouveau monde, je me suis attelée à la dessiner. Pour l’instant, elle est faite de traits légers au crayon de papier. Je me laisse l’opportunité de la préciser à mon rythme, d’en effacer quelques traits, d’en créer de nouveaux.

Il me semble que cette nouvelle approche n’y est pas pour rien dans la baisse « des coups de blues de la Loose ». J’ai enfin dépassé l’angoisse de la page blanche, pour être franche.

Sur cette carte, pour l’instant très sommaire mais qui n’est pas pour me déplaire, il y a déjà quelques bases comme la flèche du nord, la légende, le corps de la carte et même quelques remerciements.

J’y ai noté aussi quelques points d’ancrage, certains ports d’attaches, des sources d’énergie, tels que mon engagement pour mon association, mes handicaps en cours d’acceptation, ma vitesse de réflexion…

Il reste suffisamment de place pour y ajouter des tracés et ainsi continuer à me guider et me repérer dans ce nouveau monde imposé par ma santé.

« La carte n’est pas le territoire »…

Je suis heureuse de m’être reconnectée à cette fameuse petite phrase qui m’a permis de voyager, de faire le tri, de conserver l’essentiel pour mon nouveau territoire.

Elle m’a de nouveau aidée à prendre conscience que ma confiance et mon amour pour la simplicité faisaient partie de mes indispensables à mettre dans mes bagages quel que soit le voyage.

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